01/02/2021
Balto, le dernier des Valets de cœur de Jean-Michel Payet
Un extrait :
"Comme pour beaucoup de pauvres types, sa guerre, elle a commencé en 14. Victor venait d'attraper vingt et une berges et on nous a expliqué que les Allemands étaient nos ennemis et qu'il fallait les zigouiller. Les gendarmes qui ne mettaient jamais un pied dans la Zone ont très bien su retrouver tous les gars en âge de porter un fusil et mon Victor s'est retrouvé habillé en bleu horizon, un casque sur la caboche et en route vers l'est, une deux, direction le front. On pensait que cette bataille allait durer deux ou trois mois, elle s'est traînée pendant quatre ans, quatre années bien pesées où il m'a fallu trouver de quoi me nourrir et surtout soigner Madame Gambette, parce que côté bouffe, elle n'est plus très vorace mais ça c'est une autre histoire. Victor, à ce qui paraît, il était un vaillant, un audacieux, qu'ils disaient. Sa façon de grimper en première ligne avec les potes lui avait même valu cette balle boche en travers du poignet que j'ai déjà expliquée. Mais pour tirer avec un fusil, ça, on a estimé qu'il pouvait encore. Du coup, il a fini caporal, rapport à son courage qu'ils ont dit. Ça ne lui plaisait guère de se ramasser des galons au Victor, qui voulait rester simple troufion avec ses potes, mais ce sont justement eux, ses potes, qui lui ont demandé d'accepter. Pour une fois qu'ils auraient un chef de leur côté et pas de celui des officiers supérieurs, pas question de rater l'aubaine. Ils en avaient soupé des sergents et des lieutenants qui se foutaient de la vie des poilus comme de leur première paire de pompes."
Page 20,21 Balto - Le dernier des valets de cœur, Jean-Michel Payet
Cela secoue !
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