16/04/2019
Texte de Robin Coste Lewis
L'auteur a commenté son propre texte ainsi :
«Je regrette l'effondrement de l'honneur, de l'éthique, d'une moralité généreuse. J'essaie de comprendre ma place du point de vue historique dans le temps. Je suis profondément reconnaissante d'avoir été élevée au sein d'une pratique culturelle du vieux monde, qui croyait profondément qu'il n'y a pas de productions humaines plus importantes que l'intégrité, le respect, l'humilité et le plaisir. Je commence à avoir de plus en plus peur que la violence gratuite soit ce qui définit en premier lieu un être humain. Je suis déçue - de moi et de mon espèce. Je voudrais continuer à aimer pour toujours. Chaque jour où je reste en vie est, pour moi, un vrai et mystérieux cadeau. "
“I am grieving the collapse of honor, ethics, a generous morality. I am trying to understand my historical place in time. I feel intensely grateful that I was raised within an Old-World cultural practice, which believed deeply that there are no greater human commodities than integrity, respect, humility, and pleasure. I am growing increasingly suspicious that gratuitous violence is what it means primarily to be human. I am disappointed—in myself and in my species. I would like to go on loving forever. Every day that I remain alive is, for me, a true and mysterious gift.”
Le texte s'intitule
Math
de Robin Coste Lewis
And then (at some point) as you step more vigilantly into the middle of your life, you begin to realize that they are all dead. Or more honestly (it takes even more years), you begin to realize that—perhaps—they are not all supposed to be dead. Or. You still remember. You can still feel yourself there. Standing. Knee-deep. In cement. A particular square on the sidewalk. There were dandelions. That odd, eternal sun. When a dear friend, your sister’s best-best friend—drives by—stops her car in the middle of the street. And then tells you. Screams out of her car window. And says it: your first beloved—that boy for whom you were slowly unfolding yourself from inside outward—that boy, whom you had yet to kiss, but would one day soon kiss certainly—that monumental boy, who smiled at you differently—that boy—had just been shot and killed. By strangers. Just for fun.
Et puis (à un moment donné) alors que vous entrez avec plus d'attention au cœur de votre vie, vous commencez à vous rendre compte qu'ils sont tous morts. Ou plus honnêtement (cela prend encore des années), vous commencez à réaliser que, peut-être, ils ne sont pas tous supposés morts. Ou. Vous vous souvenez encore. Vous pouvez toujours vous sentir vous-même là-bas. En permanence. Au genou. Statufié(e). Une place particulière sur le trottoir. Il y avait des pissenlits. Ce soleil étrange et éternel. Quand une amie chère, la meilleure amie de votre sœur, passe en voiture, la stoppe au beau milieu de la rue. Et puis vous interpelle. Crie de la fenêtre de sa voiture. Et dit cela : le premier amour, ce garçon pour qui vous sortiez lentement de votre coquille, ce garçon que vous n'aviez pas encore embrassé, mais que vous embrasseriez bientôt, un jour certainement, ce garçon monumental, qui vous a souri différemment, ce garçon venait d'être abattu. Par des étrangers. Juste pour le fun.
You are fourteen. And it is the beginning—it is the very first day—when the World confirms that new gleam of suspicion layered on the surface of the dark violet lake inside, that, Yes, slaughter is normal.
Vous avez quatorze ans. Et c’est le début - c’est le tout premier jour - lorsque le Monde confirme à cette nouvelle lueur de suspicion s'étendant à la surface du sombre lac violet en vous, oui, l’abattage est normal.
Slowly, over the years, you train yourself not to want this—you—a body in your bed with whom you can have a real conversation—a body with whom you can walk anywhere, talk anywhere, hear anywhere. At some point, you gave up expecting to be understood. English was too many red languages at once. And History was just a very small one—a ledger, and always in the black. You took out your sheerest sword. Your tongue: a sheath of arrows.
15:21 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.