21/12/2018
Entendu hier
Hier j'ai entendu une personne à la télé parler de la moquerie et du droit à la moquerie. Ce matin, le temps que ça décante durant la nuit, je suis allée chercher l'étymologie de ce mot dans le Littré, qui signale au passage que la locution "se faire moquer de soi", bien que largement utilisée par les lettrés est incorrecte du point de vue de la syntaxe et de ce fait devrait être évitée. La Fontaine notamment utilise cette locution à la syntaxe incorrecte.
Sinon voici l'étymologie donnée par le Littré :
"ÉTYMOLOGIE
Provenç. mochar ; angl. to mock. Diez rapproche l'espagnol mueca, grimace, de moquer, qu'il tire, comme la plupart des étymologistes, du grec μωϰᾷν, railler. Cette étymologie paraît plausible ; cependant on ne voit pas comment un verbe grec serait entré, sans intermédiaire latin, dans le provençal et le français, et y serait entré sans pénétrer simultanément dans l'espagnol et l'italien ; car l'assimilation de mueca et de μωϰᾷν est très problématique. Le celtique a : kimry, moc, moquerie, mociaw, se moquer ; gaél. mag, se moquer ; on pourrait y voir l'origine de notre mot. Enfin Scheler, repoussant aussi le verbe grec, croit que moquer est la forme picarde de moucher (ce qui pourrait être en effet), et que moquer ou moucher est une locution figurée pour railler, duper : se moucher de quelqu'un, à peu près comme les latins disaient emungere, qui signifiait à la fois se moucher, et duper, railler. Cette étymologie est fortement appuyée par l'exemple du XIVe siècle qui rend subsannare, railler, par mouquer ; elle l'est aussi par le sens populaire de moucher, qui veut dire corriger un homme, le battre : je l'ai mouché ; tu vas te faire moucher."
Dans le même dictionnaire est dit que Diogène considère quand on lui signale "On se moque de toi.", qu'il n'est pas moqué en réalité ; car pour Diogène, la moquerie ne prend effet qu'à partir du moment où elle trouble celui qui est visé par la raillerie, autrement dit quand elle réussit à toucher sa cible, sinon, elle reste vaine. Et "vanité tout est vanité" selon aussi Diogène.
Les enfants ne sont pas armés face à la moquerie et la vivent comme du harcèlement ; pas facile d'avoir la maturité pour ne pas se laisser toucher par la moquerie quand elle recèle une intention de dévalorisation de la personne visée, autrement dit, quand cette moquerie est méchante.
Si la moquerie n'a pas d'intention méchante, elle viserait à corriger la personne ciblée ou la chose ciblée.
À la télé il s'agissait du droit à se moquer de la religion.
Dans ce cas on peut aussi entendre "droit à l'indifférence" quand l'intention est de s'en dégager pour soi-même.
Mais la personne parlait du droit à pouvoir la railler en toute liberté. Et là, à mon sens, les croyants doivent faire preuve de maturité pour ne pas céder à l'angoisse existentielle de l'enfant.
05:40 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
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