02/09/2016
Instantané
Vendredi deux septembre 2016, je ne suis pas loin de la maison de feu mon ami potentiel, celui qui tenait à me témoigner de l'empathie (chose assez rare dans le secteur pour que je me souvienne de lui avec un respect mêlé de gravité). Il est mort à l'hôpital de Beuvry d'une mauvaise bronchite. Je l'ai su quelques mois plus tard par sa voisine de la péniche Le chenal, en face de sa maison. La vieille femme a aussi déserté les lieux, sa péniche rouillée plus abandonnée que jamais. Elle le pleurait à l'époque, me disant qu'il avait succombé à un bain malencontreux dans une baignoire de l'hôpital, un bain forcé se lamentait-elle. Cet homme qui habitait au bord du canal était aquaphobe dès qu'il s'agissait d'entrer dans l'eau avait-t-elle ajouté. Lui avait affirmé que c'était sa femme qui l'était. Depuis la disparition de son mari je ne l'ai plus jamais ne serait-ce qu'entraperçu. Elle l'aimait d'un amour non jaloux. Le poussa du coude un jour que j'étais dans les parages et qu'il n'avait pas encore remarqué ma présence, en disant "ta copine est là" m'avait-il confié en arrivant vers moi avec un grand sourire.
Une péniche du nom de Flipper passe : ronronnement doux du moteur, qui s'accentue peu à peu jusqu'à couvrir le clapotis qui l'avait annoncé. Sur ma droite un homme promène son chien. Le portable vient de sonner...
La conversation a roulé sur les petits soucis domestiques. Je l'ai éteint enfin. Peu à peu le paysage se fait à nouveau entendre, l'eau se sent au murmure des herbes. Au loin une pulsation sonore provenant d'une machine et de temps à autre les vagues bruits indistincts d'une zone industrielle. Ici, bourdonnements d'insectes qui zèbrent l'air en passant. L'herbe picote à peine mes mollets. Par instants le soleil brille, réchauffe l'air déjà doux. Des nuages légers bougent à peine dans le ciel, mais dessous les branches des hauts arbres se balancent avec un bruit de vagues. L'homme au chien revient par ici et je m'en vais.
J'ai pris mon vélo, ai longé le port de plaisance. En lisant le nom des péniches m'est venu à l'esprit que les bicyclettes pourraient elles aussi en porter un : "Évasion", "Liberté".... leur nom ne se verrait pas de loin évidemment, comme celui des péniches, juste inscrit sur le guidon, il pourrait cependant être lu par d'éventuels voleurs pris de scrupules du coup. Voler à quelqu'un sa "Liberté", son "Evasion", moins facile ...
15:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
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