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30/06/2014

... Extrait de Au-dessous du volcan

J'ai lu deux pages d'Au-dessous du Volcan ce matin, qui m'ont valu une recherche à propos de Juan Cerillo, à savoir s'il y avait eu durant la guerre d'Espagne, un personnage réel de ce nom, mexicain, qui y avait joué un rôle retenu par l'Histoire (en fait, non, il s'agit d'un ami que l'auteur aurait idéalisé) toujours est-il que je suis arrivée sur quelques pages d'un site où il est question de littérature américaine sur le Mexique, s'y trouve une petite analyse du livre de Lowry. Voici, avant un extrait du roman, le  site .

Extrait :

 

"Juan Cerillo ! Il avait été l’un des symboles humains publics assez rares, en Espagne, de l’aide généreuse effectivement fournie par le Mexique ; il était retourné chez lui avant Brihuega. Après avoir reçu une formation de chimiste, il travaillait pour une Caisse de Crédit d’Oaxaca avec l’Ejido, délivrant à cheval l’argent pour le financement de l’effort collectif de lointains villages zapetecans ; fréquemment assaillis par des bandits au cri meurtrier de Viva el Cristo Rey, essuyant les balles d’ennemis de Càdenas nichés dans des clochers carillonant, son travail quotidien était une autre aventure au service d’une cause humaine, et Hugh avait été invité à la partager. Car Juan avait envoyé par exprès, une lettre — à la minuscule enveloppe vaillamment timbrée d’archers décochant leurs flèches au soleil — disant qu’il allait bien, qu’il avait repris le travail, à moins de cent soixante kilomètres de là, et maintenant que les montagnes mystérieuses semblaient, à chaque coup d’œil, déplorer l’occasion négligée de Geoff et de la Noemijolea, Hugh croyait entendre son bon ami le tancer. C’était la même voix plaintive qui avait dit une fois, en Espagne, du cheval laissé à Cuscatlán : «  Mon pauvre cheval, il doit être en train de mordre, de mordre tout le temps. »  Mais à présent elle parlait du Mexique, de l’enfance de Juan, de l’année de la naissance de Hugh. Juarez avait vécu, était mort. Était-ce pourtant un pays de liberté de parole et de garantie de la vie, de liberté et de poursuite du bonheur ? Un pays d’écoles aux brillantes fresques murales, où même chaque froid petit village de montagne possédait son théâtre de pierre à ciel ouvert, et où la terre était la propriété d’un peuple libre d’exprimer son génie autochtone ? Un pays de fermes modèles : d’espoir ? C’était un pays d’esclavage, où les êtres humains étaient vendus comme du bétail et les peuples indigènes, les Yaquis, les Papagos, les Tomasachics, exterminés par la déportation ou réduits à pire que le péonage, leurs terres serves ou passées aux mains d’étrangers. Et à Oaxaca s’étend la terrible Valle Nacional où Juan lui-même, authentique esclave, à sept ans, avait vu battre à mort son frère plus âgé et un autre, acheté quarante cinq pesos, mourir de faim en sept mois, parce que cela coûtait moins cher à son propriétaire d’acheter un autre esclave que de tuer simplement de travail en un an un seul esclave mieux nourri. Tout ceci avait nom Porfirio Diaz : des rurales partout, des jefes politicos, et l’assassinat, l’extirpation des institutions politiques libérales, l’armée engin de massacre, instrument d’exil. Juan le savait, l’ayant subi ; et davantage. Car pendant la révolution, plus tard, sa mère fut tuée. Et plus tard encore Juan lui-même tua son père, comme combattant de Huerta, mais qui avait trahi. Ah, la faute et l’affliction avaient marché sur les pas de Juan, lui aussi, car il n’était pas catholique pour sortir ravivé du bain froid de la confession. Tout de même s’imposait cette réalité : que ce qui est passé est passé, irrévocablement. Et conscience avait été donnée à l’homme pour ne le regretter que dans la mesure où cela pourrait changer l’avenir. Car l’homme, tout homme, semblait lui dire Juan, juste comme le Mexique, doit sans cesse lutter pour s’élever. Qu’était la vie, sinon une guerre et le passage sur terre d’un étranger ? La révolution fait rage aussi dans la tierra caliente de toute âme d’homme. Nulle paix qui ne doive payer plein tribut à l’enfer —

« Pas possible ? »

« Pas possible ? »"

Malcolm Lowry Au-dessous du volcan,  p. 199

 

P1010074.JPG

 

 

Est-ce possible de prendre sur soi la souffrance d'autrui comme le fait Malcolm Lowry ? aussi sincèrement.

 

La vie passe vite, adieu jeunesse ;  pour limiter les dégâts, je me prends moi-même en photo (rarement) sous le meilleur angle possible, afin de bien prendre surtout la mesure de la réalité tout en me ménageant car c'est un avant-goût de la mort qu'il faut apprivoiser face à la décrépitude physique. Rions-en à la manière des Mexicains qui apprivoisent leur mort en riant tout en la prenant très au sérieux... et ce n'est pas fini, cela va toujours s'empirant pour moi, point de vue physique, enfin rassurez-vous, je ne vais plus m'amuser à coller d'autre photo de mon vieillissement progressif. C'était la petite dernière celle-ci. Pensons plus aux autres, ma vieille, c'est l'occasion rêvée. Par contre, en rencontrant Sam ce dimanche, malgré sa tête rasée de près, je lui trouve une beauté asiatique de visage, malgré son nez aquilin il a ce côté asiate prononcé. Je le trouve beau, ne me ressemblant pas du tout ni d'ailleurs à son père. Et je crois que lui, ne deviendra jamais laid, même en vieillissant, si Dieu lui accorde vie.  

 

12:47 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

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