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13/02/2014

spécialistes et pas spécialistes

"Spécialiste de philosophie politique et d'éthique appliquée, Corine Pelluchon est radicalement opposée à l'euthanasie involontaire, parce que la mort est « inappropriable » et qu'« on ne choisit pas le jour et l'heure de la mort d'un autre ». Elle réfute également la plupart des arguments destinés à légaliser le suicide assisté, notamment parce que la dépénalisation risquerait d'induire une demande de mort chez des patients qui vivent dans des conditions misérables.

Malgré certaines oppositions marquées, il s'agit d'un dialogue mesuré entre deux libéraux attachés aux libertés individuelles. Mais aussi parce que Corine Pelluchon fut l'élève d'André Comte-Sponville. Et que celui-ci permit à toute une génération de « penser sa vie et de vivre sa pensée » dans le respect et la déprise de la maîtrise." Le Monde

 

Il s'agit de la vie ou de la mort de Vincent Lambert. Imaginez une mère ou un père ou encore une sœur, un frère, un compagnon, un être humain tout simplement,  vivant quelque part sur une terre épargnée ; épargnée, si bien que, même sans être riche, il peut se nourrir et se loger sans problème, lui et éventuellement sa famille. Travailler peut-être aussi. Le voici obligé de recueillir chez lui — en raison des circonstances, mettons —  un autre être humain qui vient d'avoir un terrible accident et se trouve dans le coma. Il a de la place et les moyens de maintenir en vie la personne mais pas le pouvoir  de la ramener à l'état de pleine conscience  et d'autonomie. Les médecins lui disent qu'ils ne peuvent rien faire de plus que lui  pour la personne qu'il  a recueillie chez lui. Je fais quoi à la place de celui qui a recueilli l'accidenté ? Eh bien, comme à peu près tout le monde vivant sur une terre épargnée (c'est-à-dire pas ultra-civilisée) et qui a les moyens. Je ne  laisserais pas mourir la personne tant qu'elle respire à moins qu'elle ne me signifie par des réactions physiques qu'elle ne supporte pas une douleur que ni moi ni la médecine ne pourraient soulager. Si donc, la personne ne souffrait pas physiquement, ou alors de façon supportable, je ferais en sorte de lui faire  percevoir des choses agréables... fleurs parfumées (légèrement), sensations sur la peau, odeur du pain, du café, lectures peut-être par des gens différents, des voix différentes : graves, rocailleuses, voilées, haut perchées (pas trop), des intonations différentes, de la musique, surtout pas trop fort et à arrêter dès le moindre signe d'intolérance. Instinct naturel de la part de toute personne qui vit correctement. La question est donc pour moi de savoir ce qui rend les gens barbares ? Le manque de repère qui  finit par  dénaturer les personnes ? La civilisation de l'argent qui police les gens et les assèche, de l'ordre, de la propreté. Mais dans les draps blancs, renouvelés chaque jour, un homme ou une femme de cette civilisation peut avoir  faim et soif jusqu'à ce que mort s'ensuive (ce qui doit être assez long et douloureux) par décision d'un groupe d'hommes "habilités" à prendre pareille décision.

 

11:42 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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