21/12/2012
Même fréquence
Hier j’avais envie de prendre l’air malgré le lot de grisaille, de pluie, de froid humide qui m’attendait dehors. J’ai d’abord marché dans le centre ville enluminé où de la musique est diffusée ces jours-ci en permanence, la même fréquence pour tout le monde. Il n’y avait presque personne dans les rues, mais la musique battait quand même son plein comme la radio les jours de grève. Un petit tour et puis s’en va, j’ai pris ensuite le large en vélo direction le canal bien aimé. Le délaissement du canal n’est pas de mon fait. Si tout le monde l’aimait à ma façon, le canal d’Aire serait une prairie des filtres qui n’en finit pas. Les canaux des régions brumeuses sont en général les témoins d’histoires tristes mais le temps lui, les épargne, il n’insulte pas ceux qui l’incarnent si bien, avec leurs péniches passagères sur leur flux immuable. En roulant tantôt sur le chemin du halage tantôt sur celui qui lui est parallèle et longe les champs, j’avais en tête le livre de Chris Baker qui a décrit le déploiement, l’alignement de jeunes gens, du pont d’Avelette, jusqu’au pont de Robecq un jour de bataille de la Lys, en avril 1918. Image d'hommes en uniformes sur fond de clapotement tranquille des eaux dans les miroitements du ciel. La grande prairie du grand repos se voulait apaisante comme aujourd’hui. Une péniche est arrivée. J’ai distingué son nom : Alpine… le blues d’un marinier pour conjurer le vertige du plat pays ? La pluie est fine, l’humidité pénétrante, le vent souffle sous les casquettes, l’air vif circule à plein. La lumière infiltre les nuages plein d’ombres, le spleen plane, silencieux, quelque chose comme l’innocence empêche que ces lieux ne soient définitivement maudits.
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