05/08/2012
Les Marcheurs, tome 2, suite
L’attaque avait été bien ciblée, le feu vite éteint, ne s’était pas propagé plus loin que prévu. Les hommes de Le Noble, recrutés chez les Bléassenghs, filèrent dans la forêt en poussant des cris de joie ; ils n’eurent pas de mal à attraper Peter, guidés par ses mugissements de panique, et Janon qui essayait vainement de le calmer.
Ces hommes, tout comme leurs illustres meneurs, se voulaient les uniques maîtres des lieux et cela passait par l’idée qu’ils se faisaient de la gestion de leur environnement. D’autres idées toutes faites tenaient lieu de pensée et de bornes dans la mécanique de leur esprit ; le bien, le mal, étaient pour eux des notions abstraites ayant trait au simple bon goût, les valeurs, des choses vagues dans l’air du temps, insignifiantes. Hantés par leur besoin puéril de puissance, ce qui se mettait en travers du décor habituel de leur théâtre leur paraissait incongru, d’une provocation insoutenable. Cette chasse à l’homme avait été de trop courte durée pour leur permettre d’assouvir la haine infantile qui s’était accumulée en eux à mesure que s’étaient multipliées les contrariétés des derniers jours. Ils compensèrent la frustration que cette famille en déroute avait fait naître du simple fait de sa présence en des lieux dont ils se pensaient les propriétaires exclusifs par l’assouvissement du sadisme inné qui leur collait à la peau comme une borne ultime. Nous préférons taire ce que subirent Peter et Janon. Ils furent cependant maintenus en vie dans le but de prolonger d’autres plaisirs à venir.
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