02/04/2012
Tout un poème
Le tigre et moi, on s’entendait très bien. Même si au début je fus dans le doute quand il me fonça dessus, dans l’enthousiasme de la rencontre. Durant un dixième de seconde je ne sus pas à quoi m’en tenir, mais délicatement il fit se produire le miracle, prenant des précautions pour me toucher doucement l’épaule de sa grosse patte. Un jour je vois ses petits dans une bassine remplie d’eau, ils venaient de naître et la femelle s‘était éclipsée, on aurait pu les prendre pour de gros poissons mal fichus. J’en retire un de l’eau puis les autres, et lui, le nouveau papa, comme toujours, fonce sur les objets de sa curiosité, donnant l’impression qu’il allait les désintégrer, le suspense se prolonge d’autant plus qu’il en prend un dans la gueule mais, de nouveau, le soulagement : Il se dirige vers une petite chatte grise en train de méditer sur un coussin, et lui met le bébé entre les pattes afin qu’elle le nourrisse en l’absence de la tigresse. La chatte déconcertée fait un peu la moue mais n’ose pas refuser. Je me désintéresse d’eux, jette un coup d’œil autour de moi et aperçois une amie en train de déverser des boîtes de petits pois sur le plancher de l‘appartement, d’un air mélancolique. Les petits pois roulent partout et cela m‘exacerbe : « il faudrait peut-être songer à balayer, ça n’a aucun sens ce que tu es en train de faire. » Cette personne a sûrement besoin de compagnie, il faut s’ennuyer ferme pour agir de la sorte. Je lui propose de m’accompagner chez le garagiste où je dois récupérer ma voiture, dans le but de la distraire un peu. Là, un autre miracle a lieu. Le visage de mon amie, qui n’est pas laid, devient très beau sous le regard du mécanicien. Je l’observe de plus près, n’en croyant pas mes yeux, non sans une pointe de jalousie et en prends mon parti. D'autant que cet homme très doux la sauvera sans doute de la mélancolie. Quant au tigre, toujours tendre et inquiétant de vivacité, il semble ne pas vouloir quitter l’appartement où sa petite famille continue de mettre de l’animation. Je me réveille, et comprends alors que je prenais la personne du rêve pour une autre, que je connais bien elle aussi. Les visages des deux femmes s'étaient confondus un moment, mais l'essentiel était la mutation, quelle que soit la personne, qui symbolisait le passage de la mélancolie à la libération.
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