20/02/2012
Durant les émissions coquines
« pas un ne court le risque de la pornographie » dit la voix de fond ; des lecteurs ont dû rester sur leur faim, c’est une émission sur la littérature, il est tard, je n’ai pas pu écouter vraiment ; un sentiment de grand bonheur, voisin de l’orgasme me risquerais-je à dire, m’est néanmoins venu bien tardivement dans la soirée, grâce à la réalisation d’un origami (ne soyez pas déçu(e)s) qui m’avait résisté durant la totalité de l’interview de Régine Desforges. J’ai cru un moment que j’allais devoir abandonner, pas l’écoute de l’interview, l’origami… non sans une certaine philosophie, un sentiment de fatalité sereine, prête à accepter l’énigme totale que le bout de papier de plus en plus chiffonné resterait pour moi quand bien même j’avais sous le nez le schéma, lequel resterait lui-même un mystère à jamais insoluble. Je sentais qu'il me manquait le bon geste pour atteindre le résultat. J‘ai pris le parti d’insister encore un peu, refaisant les plis montagne et vallée et suivant doucement leur mouvement dans l‘attente que quelque chose se produise enfin, se mette en plis tout seul par l'opération du Saint-Esprit. Hélas, aucun résultat durant plus d'une demi-heure. Le mystère restait entier et moi presque comme une poule devant un couteau face à cette petite humiliation. Je me suis dit « ça va, en voilà un que je ne saurai pas faire, ce sera celui-là. » Sur le point d’abandonner, j’invente « pour l’honneur » des petits gestes, des manipulations qui se voudraient inspirées et vois enfin se dessiner sous mes yeux incrédules le schéma indiqué dans le livre. La figure géométrique a consenti à s'exécuter "toute seule", comme une figure de danse. De la géométrie en mouvement c'est magique. L’origami en question est un cylindre à six côtés, de papier blanc, avec une jolie rosace en guise de fond, mise en plis "spontanément" et qui se maintient sans besoin de colle ou autre accessoire, cet objet en trois dimensions qu‘est devenue la feuille de papier A4 servira de pot à crayons. Durant les divers essais infructueux j’avais entendu les propos de Régine Desforges dont la libido était si importante disait-elle qu’elle a frôlé le lynchage dans sa prime adolescence. Elle se déclarait aussi grande manuelle devant l'Eternel, qui s’est spécialisée dans la broderie par besoin entre autre de toucher, en grande sensuelle qu’elle est et sera toujours. Je me doutais bien aussi que la clé de l'intérêt porté à l'origami se trouvait du côté de ma libido, qui m'aura amenée, après bien des méandres, à ces tours de passe-passe avec les petits papiers. "Laissez voler les pt'its papiers" chantait une autre Régine dont la libido prenait d'autres tours et détours, d'autres errances peut-être. Pour revenir à mon épopée de ce soir, il aura fallu l’autre émission littéraire qui suivait, avec les grands nigauds d'écrivains sans audace ni courage d'aucune sorte en matière d'écriture pornographique, dont Proust lui-même, pour qu’enfin mes doigts trouvent les mouvements propres à déclencher le miracle, sans sous-entendu égrillard. Pour l’audace c’est Régine Desforges, une femme courageuse quant à elle, dont la voix, l'élocution, n'y voyez pas malice, me rappelle l'ex-ministre, madame Boutin.
Madame Boutin, tiens tiens.
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