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17/10/2011

Madame Trémoulot (suite)

« Et si Madame Trémoulot devenait notre informatrice ? Personne de la connaît ici. C’est mieux comme reconversion pour vous, non ? Puis-je vous appeler par votre prénom au fait ? que j’ignore encore du reste. »

« C’est Sylvie. »

Ludivine se trouvait dans ce lieu d’anonymat que sont tous les endroits où l’on a aucune attache et en profita pour changer spontanément de prénom, sans penser qu’ultérieurement Alain Doment pourrait vérifier son identité sur simple demande de sa carte. Qu’à cela ne tienne, elle lui expliquerait alors que son prénom véritable lui semblait un peu pompeux, voilà tout. Des rires bruyants éclatèrent d’un coup à la table voisine, juste après qu’elle eut déclaré s‘appeler Sylvie. Elle en ressentit une petite fatigue irrationnelle, consciente de n‘être pour rien à la soudaine hilarité générale. Ludivine avait toujours eu peur des gens soûls ou qui semblaient l’être.

«  Vous n’êtes pas bien ? »

Rien n’échappait au regard de Sandrine lorsqu’il s’agissait d’interpréter le moindre signe de douleur. Un vieux réflexe professionnel. Des rires tonitruants fusèrent de nouveau à côté en écho à sa question. Ludivine se racla la gorge.

« Ce ne sont pas des Brise-fer ceux-là, j’imagine qu’ils ne veulent pas mettre un pied dans ce genre de quartier. »

« Parmi ces gens qui se marrent à côté il y a deux journalistes qui couvrent l’affaire des ascenseurs, les autres je ne sais pas. Ils sont en train de suivre une chronique humoristique à la radio… vous entendez ? écoutez… »

Ludivine perçut quelques mots à propos du Carlton, de prostituées, de politiques impliqués, de chtis, encore eux. Alain Doment, un sourire crispé aux lèvres pianotait de la main droite sur le rebord de la table pour exprimer son agacement et grommela quelque chose qui ressemblait à de la compassion à l’égard de ceux qui étaient virtuellement l’objet d’une risée aussi récurrente. Des rires graveleux sévirent de plus belle, qui propagèrent une onde de sinistrose parmi les consommateurs attablés à la terrasse. Certains s’en allèrent accompagnant leur départ de bruits de chaises qui se voulaient expressifs, Ludivine entendit Alain Doment évoquer avec commisération le calvaire des Juifs polonais, sans comprendre le rapport.

« Vous me proposiez d’être votre informatrice. J’ai hâte de connaître les Brise-fer. Ils ne s’ront jamais aussi désagréables que ceux-là à mon avis. »

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