20/08/2011
Technologie pas balisée
Hier, j’ai cru voir en ne regardant que d’un œil les infos, des « spectres » qui font des apparitions dans les vitrines en plexiglas d’un aéroport et donnent des renseignements aux passagers en quête d’informations. Un petit garçon branché est montré en train de s’exclamer en voyant l’un d’eux « Un robot ! C’est un robot ! », j’ai imaginé une vieille dame faisant un malaise à la rencontre inopinée de l’une de ces apparitions, entrant par inadvertance en connexion avec cette machine. Le temps de vouloir en savoir plus, le journaliste était passé à autre chose. Plus rien n’arrête les technologues, il vaut mieux s’y faire, mais pas à l'aveuglette ; plus tard, dans la soirée on avait un bel exemple du revers des choses grâce à un téléfilm où il était question de mise en ligne sur internet de la carte mémoire d’une petite caméra volée à un adolescent. Le jeune s’était filmé en train de se masturber, adressant des mots d’amour à sa belle. Une expérience saugrenue d’ado qui a tourné en extravagance caractérisée par l’entremise d’un élève de sa classe, malveillant presque par ennui d’après ce que j’ai pu comprendre. Ce besoin de sensations fortes conduisit ce mauvais humoriste au harcèlement, jusqu'à provoquer plus ou moins consciemment le suicide de sa victime. Ceux qui sont ainsi immolés sur l’autel de la médiatisation doivent avoir l’impression de subir une vivisection. Des insectes pris au piège d’un traquenard insurmontable. Gérard Depardieu stigmatisé il y a peu, en tant qu’individu faisant éventuellement pipi « devant tout le monde » en a vu d’autres, il a le cuir tanné d’un vieux rhinocéros, le recul de l’artiste aguerri dont le métier est de s‘exposer, le danger y est évalué ainsi que les moyens d’y faire face. Les ressources comme la foi ou l’amour désintéressé peuvent remédier aux éventuelles blessures de l’ego chez l'adulte, surtout s’il a fait ses preuves dans son métier. On peut alors difficilement écorner sa réputation, et quand bien même, l’homme pleinement inséré sait rebondir, il a les moyens de la prise de recul. Pour l’ado ou le quidam en déshérence, autrement plus vulnérable, c'est une autre histoire. Au regard de tous ces inconvénients assez évidents (les mots sont faibles), je ne suis pas une adepte forcenée de la technologie, comme d’ailleurs beaucoup de français de ma génération. Je pense qu’une bonne balade en vélo, avec notre propre mémoire pour caméra c’est mieux que de trimballer tout un attirail technologique, même si un camionneur peut toujours surgir au coin du bois et vous confondre avec un de ces bien-aimés adeptes de l’acupuncture, les hérissons dont la peau tapisse régulièrement le bord des routes.
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