27/10/2007
L'ombre
Une autre fois, dans ce quartier sinistre,
Nous nous sommes assis sur un banc, à la nuit,
Et le vent qui chassait la pluie,
Les globes des hôtels meublés,
Les marlous aux chandails humides,
Les filles qui nous regardaient
Accumulaient, autour de nous, les maléfices
Dont le cercle se rapprochait,
Alors tu t’es mise à pleurer,
A m’expliquer, sans élever la voix,
Qu’un jour tu me délivrerais
De ces larves qui sont en moi…
Tu parlais et la pluie tombait.
C’était la pluie qui te faisait pleurer,
Comme un chagrin que rien n’apaise,
Comme une peine inconsolée.
Et la ronde des ombres et des feux des maisons
Tournait infatigablement
Avec ses voyous et ses filles,
Ses bars, où les phonos grinçaient,
En nous jetant quelquefois, par la porte,
Comme l’appel d’une voix morte…
La ronde que rien ne lassait,
Tournait et m’emportait, avec toi qui es morte,
Tourne et m’emporte encore, avec tout mon passé,
Hors du temps, hors du monde, hors de tout ce qui est
Ou qui n’est pas, mais que toi, dans l’ombre, tu sais…
Francis Carco
16:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Il chante une forme de blues nostalgie.
la hantise de se couper des autres "irrémédiablement" ?
la fille, un prétexte au spleen de quelque chose d'obscur qu'il s'infligerait ?
Écrit par : Mimi | 27/10/2007
Peur de perdre ces êtres qu'il semble détester peut-être.
Écrit par : Sophie | 27/10/2007
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