04/08/2016
Du plus loin que je me souvienne
Extrait du livre que je suis en train de lire :
"Du plus loin que je me souvienne, je suis toujours réveillé entre deux et cinq. Ce sont les heures blanches de la nuit, un monde à part, le versant vierge des montagnes que j'ai gravies sans m'en rendre compte dans la journée. Nul doute que si j'étais peintre, c'est le moment où j'empoignerais mes pinceaux ; musicien, je composerais. Comme je ne suis qu'un artiste du souvenir, je me contente de passer en revue les personnes que j'ai aimées. J'y ajoute celles dont j'ai entendu parler et d'autres, plus lointaines et plus légendaires, à qui j'impute les dispositions secrètes de mon esprit. Car je ne crois pas que mon imagination m'appartienne comme un bien propre, elle est tellement plus étendue que mon expérience. J'en déduis qu'elle provient d'un patrimoine invisible que m'ont légué des ancêtres inconnus. En tout cas, c'est ma religion. Je ne vous demande pas de l'adopter."
La mélancolie des innocents, Jean-Pierre Milovanoff, page 347, Grasset
Un livre plein d'une poésie qui me fait respirer en profondeur. Victorin est le personnage narrateur de ce roman, il est handicapé moteur et s'adonne tel un "chasseur d'ombres", à une "chronique familiale qui déploie sur plus d'un siècle un peuple d'enchanteurs, d'amoureuses et d'innocents à la poursuite d'un bonheur que le temps mettra à mal. Difficile d'oublier les fiançailles de l'ancien voleur de chevaux, la douceur de Baptistine "la belle Ottomane", Victor que la guerre rendra fou, Paulin le photographe amoureux, le jeune Léonce qui poursuit les abeilles dans la lumière des heures chaudes..."
J'ai cité ci-dessus la quatrième de couverture. Et je confirme, ces personnages entrent à jamais dans les cœurs, ils sont inoubliables.
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03/08/2016
Joli !
"Qu'est-ce qu'une mauvaise herbe ? Une herbe dont les vertus sont encore à découvrir"
Ralph Waldo Emerson
Tout à fait à mon goût cet optimisme qui ne désarme pas.
13:09 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)
Vu hier
À une heure où d'habitude je ne regarde pas la télé, j'ai vu cette émission où une mère avoue avoir déclaré à son fils de 18 ans qu'il n'aurait pas dû venir au monde, le fils de répondre qu'il ne veut plus jamais lui parler. Ils habitent dans la même ville, il leur arrive de se croiser et le fils d'adresser quelques paroles polies à sa mère dans ses cas-là, avant de s'esquiver, toujours poliment. Et jamais témoigne la dame qui a eu cette parole terrible envers son fils, il ne lui tourne le dos. L'animatrice d'admirer le courage du fils. Sa mère sait qu'il vit une "vie normale, entouré de sa femme et de ses enfants", une famille qu'il ne lui a pas présenté. Puis, l'animatrice de lui demander la raison pour laquelle elle est venue témoigner à l'émission de sa difficulté relationnelle avec ce fils. Elle a failli "récidiver" en bafouillant quelque chose sur le droit à l'avortement à son époque. L'animatrice de lui dire que si le fils est en train de la regarder à la télé, ceci ne va pas arranger les choses pour lui. Alors, la mère de déclarer à la télé, droit dans l'œil de la caméra, qu'elle aime ce fils autant que le cadet. Cadet qu'elle a toujours chéri, aîné qu'elle a toujours beaucoup de mal à aimer "sans façon". Cette mère aurait été elle-même abandonnée dit la psychologue, et refait vivre à l'aîné, inconsciemment, cet abandon. Ce n'est pas facile de faire de sa souffrance quelque chose de beau. C'est vrai que tout le monde a pensé d'abord à ce fils, qui a dû endurer cela. "Comment se construire après ça ?" a dit l'animatrice. Et cependant, il s'est construit. Je pense parce qu'il était entouré par ailleurs d'une famille aimante qui est venue à sa rescousse, fort heureusement.
Ma question est ce matin : comment faire quelque chose de beau de sa souffrance ? Comment faire pour ne pas du moins en rajouter une couche ? Faut-il d'abord évacuer la souffrance pour que le beau survienne ? Et comment faire ?
S'appliquer le silence de la méditation, un silence où l'on se détache suffisamment de son ego, de ses limites, pour sentir l'autre, sa détresse, et que puisse émerger une réelle capacité d'aimer. Voilà ce qui me vient à l'esprit, mais suis-je moi-même un modèle de ce genre d'attitude, du silence méditatif... non, je ne le suis pas, du moins pas encore.
La réponse d'un croyant dont je viens de lire quelques lignes sur le site Jubilate Deo aux grandes difficultés de la vie :
"Et de sa fatigue notre âme se relève en Toi, prenant appui sur ce que Tu as fait, pour qu'elle traverse jusqu'à Toi qui as tout fait étonnamment. Là se trouvent le repos et la vraie force."
Saint Augustin
07:11 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)