03/08/2008
Bombe atomique
"Parmi les rares esprits lucides figure le jeune romancier et philosophe Albert Camus, qui écrit dans Combat, le même jour, un article non signé :
«Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles»".
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31/07/2008
Midnight Express
Midnight Express, Blue Velvet : deux films visionnés à une journée d’intervalle sans grand rapport entre eux à un petit détail près …
Blue Velvet : un homme apparemment normal se laisse en réalité bouffer par ses hormones. Avant de le dévorer, son « désir » le met dans une sorte de transe où le bonhomme se colle immanquablement un masque à oxygène sur le nez en poussant des halètements bizarres avant d’aller plus loin. L’acte sexuel est toujours morbide chez lui.
Midnight Express : un jeune homme implore en vain la clémence de ses bourreaux. Rien ne les arrête dans cet univers clos.
Dans les deux films, la sexualité des geôliers est morbide. Amour et liberté vont décidément de pair.
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27/07/2008
Lettre au Robinson amnésique
Dans les campagnes, les lieux sont à facettes selon, le temps, les métamorphoses de la nature. Les chemins semblent aller d’eux-mêmes, sans façons, d’un village à l’autre. L’homme y marche en espace libre presque comme dans l’île.
En ville, les maisons côte à côte, en façades serrées dessinent les avenues. Façades tout en fenêtres, vitrines, briques et broc ; quelques intervalles cependant : portails, grilles de jardin et d’un coup parfois une ouverture, une brève échappatoire possible : un parc public, invitation au batifolage quelques instants, avant de reprendre l’avenue, dans un sens ou dans l’autre ; pas de chemin de traverse mais quelques passages pour piéton assez facilement identifiables, et la rue continue. Ces rues débouchent sur des places, des ronds-points (à cause des voitures nombreuses en ville, tu imagines). Des places, que délimitent encore des maisons, plus hautes, artistiques, baroques ou classiques. Des édifices que d’aucuns peuvent photographier à loisir pour l’amour de l’art, comme s’ils mémorisaient une beauté éphémère. Celle de cet instant de leur vie avant tout, probablement. En ville, les rues détournent si bien les pas, qu’il faut parfois en prendre trois ou quatre avant d’atteindre une habitation relativement voisine en ligne directe, sans compter les pas perdus à s’être engagé dans un cul de sac. À ne plus savoir précisément où il se trouve, pour le touriste sans plan car aussi étrange que cela puisse paraître, l’homme qui évolue pour la première fois dans cette construction à ciel ouvert, la ville, ce ventre urbain grouillant de monde, peut avoir l’impression de se perdre dans le décor, oublier la proximité des choses, en fait.
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