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13/02/2011

Mes lignes de ce matin

J'ai écrit ce texte ce matin, et je  le confie à mon blog Regards :

La chance de Line

Line avait connu des épreuves dans la vie, mais les dernières étaient sans nul doute les plus dures pour elle. Il avait fallu déménager à l’hôtel à cause des crises à rebondissements : du travail, du logement, et voilà. Mais ce n’est pas fini, son époux ne supportant pas ce genre de bouleversements avait sombré dans la maladie du sommeil. Elle n’avait rien d’autre à faire que vaquer dans les couloirs de l’hôtel sans trop savoir comment occuper ses journées. Le désœuvrement n’avait aucune prise sur elle malgré son inaction. A vrai dire, elle semblait comme suspendue au-dessus des choses, tel un nuage à la mélancolie naturelle. Cette attitude appela-t-elle la chance ? Un jour qu’elle se trouvait profondément inoccupée dans le hall de l’hôtel, elle vit passer un homme doté de deux mèches dressées en tirebouchon sur le front, l'une penchant à gauche, l'autre à droite, et chantant un air de rock’on roll, il semblait ne voir personne. Elle le suivit à l’étage et le vit entrer prestement dans sa chambre. Cette vision lui rafraîchit les idées, un sentiment de légèreté, comme s’il avait balayé les ennuis de sa seule présence. Line s’arrangea pour le rencontrer, se mettre incidemment sur son chemin lorsqu’il sortirait de la chambre et, surprise, quand il en ressortit son visage avait changé d’apparence : il avait maintenant la tête enfarinée, et un joli grand nez en trompette qu'elle aima immédiatement. Ce qui enlaidissait ce nouveau visage était cet acné qu’il n’était pas parvenu à dissimuler sous l’épaisse couche de poudre blanche. Il descendit, Line le suivant discrètement, elle le vit se rendre au restaurant de l’hôtel. Des personnes déjà attablées l’y attendaient. Quand elle s’approcha de la table, une vieille dame souriante l’invita à s’asseoir et l’artiste poudré la salua enfin. "J’ai mon spectacle dans quelques minutes" lui dit-il. Sur scène, il amusa tout le monde, c’était un clown extraordinaire qui changeait tout le temps de tête : il apparut les cheveux noirs gominés plaqués sur la tête, imitant un homme d’affaires, il reprit son visage grêlé, puis passa à l’apparence d’un jeune premier aux yeux bleus sous l’œil ravi du public qui ne se lassait pas de son numéro, on se sentait léger en sa présence. Line souhaite alors qu’il lui propose de faire un bout de chemin avec elle. Il était homme à entendre les souhaits et y répondit grâcieusement, allant même jusqu’à l’inviter un de ces soirs dans son lit. La plupart du temps il lui apparaissait avec le visage grêlé, elle s’entendait rire de bon cœur à ses côtés. Mais elle n’oubliait pas l’époux atteint de la maladie du sommeil et le clown enchanteur un jour avait laissé sa valise ouverte, comme pour la laisser découvrir son secret. La photo lui montra une femme et un enfant. Les choses étaient bien ainsi, on les attendait. S’il abandonnait ces deux êtres-là, l’artiste perdrait toute sa magie, Line en était convaincue.

11/02/2011

Jane et Paul

Un texte que je viens d'écrire et que je confie à Haut et Fort, ainsi qu'à mon Blog Fleurs :

Jane regardait son ami Paul s’entraîner sur le cheval qui faisait des tours de piste assez serrés, infatigable. Il était vaguement question pour la débutante d’entrer dans la course juste après cette prestation équestre où le cheval semblait exécuter un numéro de cirque. D’ailleurs on lui jetait quelques regards de temps à autre afin de lui signifier sans doute de patienter, elle répondait chaque fois par un petit hochement de tête volontaire. Peu à peu, les choses devenant tellement passionnantes côté piste, on sembla plus ou moins l’oublier. Jane ne s’impatientait toujours pas malgré le temps qui s’écoulait maintenant sans qu’on lui prêtât  la moindre attention. Les dispositions sportives dans lesquelles elle se trouvait il y a quelques minutes encore étaient pourtant en train de s’étioler, du moins en ce qui concernait le cheval. Après s’être avisée que ce genre d’exercices dont les passionnés ne se lassaient visiblement pas, ne devaient pas être conseillés à tout le monde, elle commença à redouter que l’on se souvînt d’elle. Elle pensait aux saccades que l’on devait durement ressentir à dos de cheval, secouant sans ménagement les organes ; comme pour confirmer cette impression une légère palpitation la fit tressaillir. Mais un autre signe la rebuta un peu plus encore : une enflure de la cheville gauche, un œdème aussi soudain que formidable l’invalida pour de bon, il n’était plus question pour elle d’équitation.

Là-dessus, une amie joggeuse passa à quelques mètres d’elle, tout en sueur, et la héla dès qu‘elle l‘aperçut. D’un coup, l’attention des passionnés équestres se tourna vers la nouvelle arrivante, connaissance de leur novice puisque cette dernière s’en allait en clopinant vers la joggeuse. A peine l’avait-elle rejointe que l’autre sembla s’intéresser au time in de l’éclopée qui semblait être tombée de cheval avant même de l’avoir monté. L’animal mis à rude épreuve, en profita pour faire une pause, tandis que Paul, contrarié, sentait que quelque chose lui échappait : Jane était à nouveau sur pieds, tout au moins le boitillement ne semblait plus l’affecter, elle semblait prête pour de nouvelles activités. Cette impatience soudaine lui parut incongrue et il s’entendit insulter intérieurement celle qui ne semblait déjà plus motivée pour l’équitation. "Son impardonnable manque de volonté", "son intolérable laxisme" pensait-il. Après avoir injurié de façon plus perceptible l’autre fauteuse de troubles, il sollicita à nouveau le cheval, ses amis veillant à ce que tout rentre dans l’ordre.

10/02/2011

Bonjour Regards

Un étranger, aux abords d’une cité, demandant son chemin, une fille lui conseille de se rendre au centre-ville, là où tout se passe dit-elle, et décide finalement de l‘accompagner. En chemin ils se racontent des choses concernant les Chinois et leur curieux rapport paraît-il, avec les centres-ville.
Dans un quartier alentour, une jeune femme en veste noire cintrée, pantalon de même couleur et portant des gants blancs, introduite on ne sait comment dans l’appartement d’une famille chaleureuse mais précaire, observe patiemment son entourage dans les gestes intimes du quotidien, avant de se décider. Elle emmène quelques instants plus tard, le fiancé de l’une des mamans, souvent nombreuses dans les grandes familles fraternelles.
On regarde s’éloigner le couple, la fille en tailleur noir a glissé sa main gantée dans celle du fiancé, faisant écho au geste lointain d’une autre femme. Les sinophiles sont à leurs côtés, ils sont quatre à se diriger vers la grand- place.

L’un de ceux qui restent, l’œil rivé sur le gant blanc, habillant ou masquant peut-être cette main qui semble maintenant tenir du bout des doigts celle de son frère, s’inquiète de la tranquillité de ceux qui partent ainsi, sans se retourner, il voudrait empêcher la douleur, mais tout le monde s'est dissipé déjà, est passé à autre chose.
 
Mon texte est issu de mon rêve de cette nuit. je l'ai d'abord mis sur mon blog Fleurs et pourquoi pas sur Regards ai-je pensé, ainsi le voilà.