16/09/2021
lumbago
Me voilà raide comme Artaban ! Mais je vois un kiné de très bon conseil qui a bien voulu me conseiller pour la nourriture, à titre gratuit : pas de céréales, donc de pain, ni de légumineuses le soir. Donc soupe et salade verte, et si pas rassasiée, un fromage blanc zéro pour cent de matière grasse et sans sucre une heure plus tard. Je commence à me sentir plus légère, ma foi. Les kiné sont de gentilles personnes en général.
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14/09/2021
Fin de lecture du roman Le printemps des monstres
"J'étais persuadé que Lucien Léger était coupable", me dit Patrick (on croit tout ce que dit la presse comme des gogos). Comme quoi Jaénada a fait un travail utile, car il s'appuie sur des choses concrètes pour avancer ses pions (ou arguments, si l'on préfère).
Les lettres, Lucien Léger dit les avoir écrites, se décrivant alors comme malade et demandant pardon. Plus de quarante années de prison pour cela c'est cher payer la lettre et le fait d'être malade.
Le pouvoir, les violences d'État, il faudrait en finir avec cela.
La belle Solange, pas même diagnostiquée malade mentale par les psychiatres qui l'examinèrent mais diagnostiquée comme telle par certains journalistes et juges, fut probablement assassinée. On n'osa pas en émettre l'hypothèse à l'époque.
Je ne vais pas mettre le livre dans l'armoire aux livres parce qu'il y a la photo de Solange sur la couverture, Solange étant allée de dépôt en dépôt. Gardons-la dans nos cœurs, cette martyre du pouvoir.
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Solange
Me voici arrivée à la dernière partie du Printemps des monstres, de Philippe Jaénada. Solange revenait de très loin. Malnutrition durant deux ans quand les services sociaux se sont enfin penchés sur son berceau.
Solange atterrit dans le foyer d'une femme d'une grande bonté. Elle a pu décrocher le BEPC qui à l'époque demandait un niveau plus important que celui déjà des années soixante-dix, en témoignait ma voisine d'alors (des années soixante-dix donc).
Dès que les enfants de l'Assistance publique d'alors pouvaient atteindre ce niveau du BEPC, plus apprécié qu'il ne l'est aujourd'hui, les pupilles de la nation n'étaient plus dirigées vers les travaux agricoles. Les fermiers étaient parfois rudes par le passé, pas comme ceux d'aujourd'hui qui se débattent avec de terribles contingences avec opiniâtreté. Solange est-il mentionné dans les archives de je ne sais quel organisme, s'acquittait avec sérieux du travail de bureau qui lui était confié. Elle ne s'intéressait pas aux garçons y lit-on. Jusqu'au jour où son frère, réquisitionné en Algérie, fait se rencontrer Solange et Lucien qui eurent d'abord un lien épistolaire (Lucien lui écrivant d'Algérie, Solange est d'abord devenue sa marraine),
Les lettres jouèrent un grand rôle dans leurs débuts amoureux, comme ensuite les lettres moins heureuses, aux allures compulsives, qu'envoya Lucien dans l'affaire de l'assassinat de Luc, jouèrent aussi un rôle crucial dans un autre domaine. Elles furent un des éléments déterminants je pense dans le jugement de la personne de Lucien Léger (il fallait être combien odieux, autrement dit combien secoué, pour envoyer de telles lettres pensa un peu tout le monde à mon avis.... hormis une dame que l'on appelait Madame Détective, personne alors n'avait deviné les motivations du demi inconscient, voire inconscient tout court, qui les signait "l'Étrangleur").
Solange, il faut la remettre dans son époque lorsqu'elle écrit quelques âneries à son tour. Pour séduire Lucien elle a en effet trouvé bon de se décrire comme cruelle avec les animaux, notamment les petits lapins à peine nés qu'elle décrivit se tordant de douleur dans la gueule d'une chatte qui venait de mettre bas, à qui elle les donnait en pitance. Il s'avéra que Solange "frimait", voulait se faire valoir en écrivant cela, cela en dit long sur la condition animale dans les années soixante. En vrai, témoignera Lucien, elle était douce envers les animaux. Encore des lettres, décidément, qui ne seront pas à la faveur de Lucien Léger lors de son procès. Les SMS ont du bon vus sous cet angle. Solange fut décrite comme une dégénérée, rien moins que cela, en raison de quelques phrases de cet acabit, écrites dans le ton de cette époque appelée les trente glorieuses.
Nous savons toujours est-il, Jaénada en témoigne, que des familles d'accueil font du bon travail avec les enfants qui leur sont confiés. Toutefois, avec le temps, même ces familles deviennent volatiles. Une fois la maman adoptive de Solange tombée malade, l'État considère que Solange n'a plus à avoir de lien avec la famille qui l'a pourtant accueillie comme on adopte quelqu'un. Cela peut, on l'imagine facilement, constituer un drame pour des personnes de "l'Assistance publique" (disait-on alors), qui ont besoin de repères et sont ramenées d'un coup à leur condition d'abandonnés chroniques, presque viraux pour le coup.
Solange eut la chance d'être jolie, d'aimer aussi, comme en témoigne son courrier, (son laïus sur les animaux mis à part). Aura-t-elle une fin de vie à la Chloé de L'écume des jours ? À moi de prendre connaissance jusqu'au bout de ce gros pavé dans la mare qu'est ce roman (qui tient plus de l'enquête et de la contre enquête mais est aussi passionnant qu'un roman fleuve). La dimension tragique du destin de Lucien Léger et de son épouse est hélas réelle. Philippe Jaénada aura contribué à faire bouger les lignes par ce travail d'enquête mené avec ténacité, l'auteur allant jusqu'à se mettre en situation, outre de fouiller dans les archives, il passa la nuit par deux fois dans la forêt, au pied du chêne où Luc fut retrouvé. Une forêt qu'une pleine lune n'éclaire pas, impuissante à pénétrer le couvert des feuillages. La nuit donc, on ne peut pas y courir... La forêt est toujours inquiétante la nuit de ce fait, on a envie d'y faire un feu de camp pour se rassurer. Chose que ne fera pas l'auteur qui se traite pourtant de nouille à l'occasion. Comme quoi il ne faut pas prendre tout au pied de la lettre, messieurs et dames les juges trop hâtifs que nous sommes trop souvent.
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