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14/12/2017

Lu ce matin

 

Chemins de traverse – 632 / Gustave Roud

 

Gustave Roud

 

Je crois que l’homme au plein de sa vigueur et de sa force, et qui le sent assez pour ne pas douter de son regard, de son ouïe, est, à la lettre, un aveugle et un sourd. Je crois que seuls certains états extrêmes de l’âme et du corps: fatigue (au bord de l’anéantissement), maladie, invasion du cœur par une subite souffrance maintenue à son paroxysme, peuvent rendre à l’homme sa vraie puissance d’ouïe et de regard. Nulle allusion, ici, à la parole de Plotin: « Ferme les yeux, afin que s’ouvre l’œil intérieur. » Il s’agit de l’instant suprême où la communion avec le monde nous est donnée, où l’univers cesse d’être un spectacle parfaitement lisible, entièrement inane, pour devenir une immense gerbe de messages, un concert sans cesse recommencé de cris, de chants, de gestes où tout être, toute chose est à la fois signe et porteur de signe. L’instant suprême aussi où l’homme sent crouler sa risible royauté intérieure et tremble et cède aux appels d’un ailleurs indubitable.

De ces messages, la poésie seule (est-il besoin de le dire?) est digne de suggérer quelque écho. Souvent elle y renonce en pleurant, car ils sont presque tous balbutiés à la limite de l’ineffable. Elle s’éveille de sa connaissance, les lèvres lourdes encore de paroles absentes ou folles qu’elle n’ose redire – et qui contiennent la vérité. Ou si elle ose les redire, c’est qu’elle semble avoir oublié leur origine, leur importance. Elle divulgue en deux vers un secret bouleversant, puis se tait.

 

Gustave Roud, Air de solitude et autres récits (coll. Poésie/Gallimard, 2002

 

Sur le site Jubilate Deo.

08:24 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

13/12/2017

Lu ce jour ♣♣♣ mouvements du jour

 

"La joie chrétienne – VIII 

Si Jésus rayonne une telle paix, une telle assurance, une telle allégresse, une telle disponibilité, c’est à cause de l’amour ineffable dont Il se sait aimé de Son Père. C’est une connaissance intime qui Le comble: Le Père me connaît et je connais le Père (Jn 10,15). Il fait toujours ce qui plaît au Père: c’est Sa nourriture. Il y a là une relation incommunicable d’amour qui se confond avec Son existence de Fils et qui est le secret de la vie trinitaire: le Père y apparaît comme Celui qui se donne au Fils, sans réserve et sans intermittence, dans un élan de générosité joyeuse, et le Fils, Celui qui se donne de la même façon au Père, avec un élan de gratitude joyeuse, dans l’Esprit Saint.

Paul VI, Exhortation apostolique Gaudete in Domino / La joie chrétienne (Cahiers de l’actualité religieuse et sociale, 1975)"

 

Lu dans le Jubilate de ce matin.

 

C'est un texte qui parle de connexion et de confiance l'un en l'autre. Avec Marie, il s'agit d'une autre connexion, mais du même genre de rapport, toujours en ce que les catholiques appellent l'esprit saint.  Marie reliée au Père accepte de devenir la mère du fils déjà là, préalablement, le temps de son séjour sur Terre.

 

                                  ♣♣♣

 

Mon corps réclame des mouvements spécifiques, il y en a beaucoup, je varie les séances.... si je n'en fais aucune durant deux jours, je me sens  cabossée, et privée du plaisir d'une générosité accordée à moi-même.... un peu comme ré-accorder une guitare pour pouvoir faire de la musique dans un espace donné. Les mouvements de la première séance ce jour :

 

https://youtu.be/ZxcNBejxlzs

12/12/2017

Films vus ♣♣♣ le poème du jour ♣♣♣ Le souffle

 

Hier j'ai regardé le film Philomena. Où l'on raconte l'histoire d'une femme irlandaise qui a eu un enfant "illicitement". Elle a rencontré lors d'une fête foraine, alors qu'elle jouait avec son reflet dans les glaces déformantes, un homme, au cou de girafe dans le miroir, elle se retourne et le voit réellement, plus du tout "contrefait"  comme disaient les aristocrates d'antan, ou difforme. Coup de foudre qui ne dura que le temps d'une nuit amoureuse, mais la jeune fille garde un souvenir ébloui de cette rencontre poétique, elle eut l'impression dit-elle de planer durant les ébats,   dans un ciel qu'on imagine aussi pur qu'elle a d'innocence ; pas du tout amère de ce fait, elle se sent d'autant moins abandonnée qu'elle attend un enfant de lui. À l'époque, cette conduite était sévèrement jugée et punie. Les femmes qui évoluaient dans un milieu catholique pauvre étaient abandonnées par leur famille, confiées à des religieuses que l'on nous montre pour la plupart acariâtres et frustrées, se vengeant sur ces belles d'un jour qui osèrent goûter au fruit défendu (NP : ce n'est pas l'image que j'ai eue pour ma part des religieuses mais oublions notre ego, il y a eu d'autres expériences que les miennes, douloureuses celles-là, qui posent aussi le problème chez les religieuses de leur condition : à savoir, si elles ont ou pas choisi la vie monastique). Philomena va garder sa foi catholique, et pardonner aux religieuses qui lui ont pris son enfant. Le film à la fin témoigne qu'il ne s'agit pas d'une fiction et que nombre de  vieilles dames irlandaises sont encore à la recherches de leur enfant,  enfants âgés aujourd'hui d'une cinquantaine d'années. 

 

Dans ce film il s'agissait donc des errances dans le monde catholique, et dans celui que j'ai vu hier, intitulé Le centenaire, des errances dans le monde scientifique, où des scientifiques sous le prétexte des bonnes intentions qui les animeraient, stérilisent des hommes et des femmes après qu'ils ont commis des actes de délinquance relativement mineurs pour certains (mais pas toujours), actes de délinquance qui ne sont pas à l'échelle de ceux que commettent certains dirigeants tels Hitler et Franco ou encore Staline pour ne citer qu'eux, qui sont considérés comme sains d'esprit quant à eux, d'où que le film  Le centenaire prend le parti du rire. Il vaut mieux devenir lunaire quand la réalité est trop dure, comme les personnages du film qui  passent du coup comme par magie entre les gouttes.  Un cinéma miroir de la société,  montrant ses errances est un cinéma courageux. Mais Le centenaire sur le mode tragi-comique peut ne pas être bien digéré sur le coup.  Rire de tout étant impossible pour moi par exemple.

 

                                                  ♣♣♣

 

Oui je l'avoue, c'est sans son "aimable autorisation" que je mets ici ce poème que je viens de lire sur son blog.  Faute avouée est à moitié pardonnée (car on  pardonne à moitié, on est sur le chemin du pardon autrement dit) . Le poème de Loup Francart :

 

Bouteilles vertes échappées de l’oubli
Qui dorent leurs liquides au soleil de l’oubli
Bienfaisantes, chaudes, dépouillées
Vous êtes ce que nous sommes au regard
La consistance et la racine de la gaité
Vides, ignorées, vous sombrez dans l’oubli
De nos corps gorgés et repus

 

♣♣♣

 

Le souffle du vent a mis une séance de plus, ici. Merci à lui.

 

https://www.youtube.com/watch?v=rnlg0IQBkk8