Zéro de conduite

Je me propose un peu de lecture pour ce soir sur le site Zéro de conduite ; si cela vous dit, cliquez sur ce lien : http://www.zerodeconduite.net/newsletter/0909.html 

les événements de France Télécom

Par François Taillandier　

"En me renseignant de plus près sur les événements de France Télécom, j’ai découvert un détail sans commune mesure, évidemment, avec les drames qui ont eu lieu, mais digne d’examen tout de même. France Télécom a lancé en 2005 un plan de départs volontaires qui fut baptisé « Next ». Ensuite, comme on sait, fut mis en place un programme contraignant les cadres du groupe à changer d’affectation tous les trois ans, à charge pour eux de trouver leur nouveau poste. Ce programme, plus sadique, portait le nom de « Time to move ».

C’est sur ces deux appellations que je veux m’arrêter. Non pas tant parce qu’elles sont en anglais (quoique l’on puisse s’étonner qu’un groupe où l’État français est majoritaire utilise l’anglais, chose contraire à la loi) que pour cerner ce qu’elles dénotent. Il faut imaginer qu’il existe un communicant très content d’avoir trouvé ça, « Time to move ». Or c’est quoi, « Next », « Time to move » ? C’est la langue des dircoms et des décideurs sachant décider, avec cravates et lunettes rectangulaires (côté managers) et queues de cheval (côté pubeurs). C’est la langue des affiches et de la marchandise, la langue de « Think different » et d’« Ideas for life », de « Connecting people » et d’« Always on ». La langue des multinationales, de la dérégulation du tout-concurrentiel. Une langue qui sous une apparence novatrice, entraînante, incitant à s’avancer sans peur ni nostalgie dans le futur, donne les ordres les plus implacables. Ne serait-ce pas en somme la langue du « reformatage des Français » au président ?

C’est aussi la langue de la Star Ac’. Time to move est le titre d’un vieux tube de funk. Le type qui part au boulot l’angoisse au ventre, à cause d’objectifs commerciaux écrasants, est prié de considérer qu’il danse sa vie. Et justement cela m’a rappelé, dans un autre ordre d’idées, que lors de l’université d’été de l’UMP, les jeunes de ce parti se sont dotés d’un slogan et de tee-shirts « I think, I work, I dance ». Tiens, tiens ! Eux aussi, ils dansent ? Bon : ceux-là au moins, on ne les a pas forcés. Le reformatage, ils y sont candidats. Ils ne demandent que ça. Ils s’y mettent spontanément ! Ils veulent être comme on veut qu’ils soient ! Mobiles, connectés ! Ils veulent être la vivante Star Ac’ de l’UMP ! L’avant-garde de l’utopie attalienne ! Pour un monde sans freins à la croissance ! C’est déjà bien beau, me fait-on observer, qu’ils aient placé « I think » en tête de leur slogan. Ils réfléchissent, alors, ces djeun’s ? Tant mieux, tant mieux ! On se demande un peu à quoi.

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Le lien :  http://www.humanite.fr/2009-09-24_Cultures_I-dance

Lu cette semaine

Dans La nuit du Solstice, roman de Carla Neggers, le meurtre d’une jeune femme entraîne diverses conséquences durables dans la vie des  proches de la victime et assombrit d’un sentiment de culpabilité l’amour d’Eileen, la meilleure amie de celle-ci, envers sa fille conçue avec un amant de passage durant la semaine où Deirdre fut torturée à mort. S’ensuivent non-dits et autres secrets de la part également du frère d’Eileen, débouchant une vingtaine d’années plus tard sur une quête d’identité du principal protagoniste de ce roman, Keira, l’enfant tombée "mal à propos". Quête de soi  qui s’entrecroise avec ses propres croyances plus ou moins assumées aux fées et autres personnages merveilleux du folklore irlandais. Celui-ci se mêlant à la foi chrétienne l’aide en tout cas à tenir bon. Univers plein de charme même si, à mon sens, l’auteur a parfois une vision un peu manichéenne des choses.