Dieu, lui, inverse le cours des choses :
Quand on lui demande, on reçoit, parce qu'il met sa joie à donner ; quand on le cherche, on le trouve toujours, parce que lui-même, le premier, se donne à voir et à entendre; quand on frappe à sa porte, il ouvre tout de suite, parce que déjà il attendait.
Cependant, cette certitude d'être entendus, exaucés, comblés, Dieu nous la fait vivre au niveau de la foi, et non pas de manière émotionnelle ; c'est pourquoi la prière demeure difficile.
Nous demandons, et Dieu répond dans la durée, selon son rythme à lui, qui pour nous est lenteur.
Nous cherchons, et parfois Dieu nous laisse avec notre question, parce qu'elle agrandit l'espace de notre cœur et qu'elle nous fait marcher vers lui.
Nous frappons : Dieu entend, Dieu répond, car il est déjà là, toujours là ; mais il nous laisse, librement, pousser la porte.
C'est bien ce que nous avons à faire avant tout, en carême, et pour le carême : pousser la porte que Dieu laisse toujours entrouverte, venir à lui comme le fils prodigue, lui redire, avec nos mots à nous, ce que Esther, dans sa détresse, lui disait si bien : "Viens me secourir, car je suis seule et je n'ai que toi, Seigneur, toi qui connais tout !"
Même la reine Esther n'avait que lui, le roi des dieux, le Dieu des rois ; et c'est le même Dieu qui nous exauce, nous, les tâcherons du Royaume, pas fiers de nous, mais fiers de lui : "Souviens-toi, Seigneur ; fais-toi connaître au moment de notre détresse !"
Souviens-toi, Seigneur, que tu as voulu l'Alliance avec nos pères ; souviens-toi, Jésus, de ces vingt siècles de la nouvelle alliance ; souviens-toi, Père, des humains que tu as choisis dans tous les temps, pour faire d'eux, en chaque temps, un peuple qui t'appartienne.
Nous-mêmes, Seigneur, nous nous souvenons que "tu as fait pour eux tout ce que tu avais promis", et nous faisons mémoire, en cette Eucharistie, de ta longue fidélité.
Il est bien vrai que nous n'avons que toi, comme tous tes pauvres sur la terre, mais avec toi, nous avons tout : il nous suffit de ton amour.
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