"I – LA SOEUR SIMPLICE
Les incidents qu'on va lire n'ont pas tous été connus à Montreuil-sur-Mer, mais le peu qui en a percé a laissé dans cette ville un tel souvenir, que ce serait une grave lacune dans ce livre si nous ne les racontions dans leurs moindres détails.
Dans ces détails, le lecteur rencontrera deux ou trois circonstances invraisemblables que nous maintenons par respect pour la vérité.
Dans l'après-midi qui suivit la visite de Javert, M. Madeleine alla voir la Fantine comme d'habitude.
Avant de pénétrer près de Fantine, il fit demander la sœur Simplice.
Les deux religieuses qui faisaient le service de l'infirmerie, dames lazaristes comme toutes les sœurs de charité, s'appelaient sœur Perpétue et sœur Simplice.
La sœur Perpétue était la première villageoise venue, grossièrement sœur de charité, entrée chez Dieu comme on entre en place. Elle était religieuse comme on est cuisinière. Ce type n'est point très rare. Les ordres monastiques acceptent volontiers cette lourde poterie paysanne, aisément façonnée en capucin ou en ursuline. Ces rusticités s'utilisent pour les grosses besognes de la dévotion. La transition d'un bouvier à un carme n'a rien de heurté ; l'un devient l'autre sans grand travail ; le fond commun d'ignorance du village et du cloître est une préparation toute faite, et met tout de suite le campagnard de plain-pied avec le moine. Un peu d'ampleur au sarrau, et voilà un froc. La sœur Perpétue était une forte religieuse, de Marines, près Pontoise, patoisant, psalmodiant, bougonnant, sucrant la tisane selon le bigotisme ou l'hypocrisie du grabataire, brusquant les malades, bourrue avec les mourants, leur jetant presque Dieu au visage, lapidant l'agonie avec des prières en colère, hardie, honnête et rougeaude."
Commentaire :
Je n'ai pas du tout la même expérience que Victor dans mon entrée en contact avec les religieuses. Je n'en ai pas rencontré style Sœurs Simplice et Perpétue, proches de la Marthe des Évangiles. Celles que j'ai rencontrées, vers quatre ans, n'étaient pas beaucoup plus grandes que moi de taille, pas naines, mais pas loin. Sauf Louise, et la directrice, un peu plus grandes. Elles étaient menues. Par ailleurs, point de vue comportemental, elles étaient délicates mais je ne vois pas cela lié à leur physique.
Je vois du mépris chez Hugo concernant les Sœurs dont il parle. Il utilise à leur égard le mot "rusticité", faite pour les grosses besognes. Dans la vie réelle on voit des personnes de tous les genres physiques, fluets compris, accomplir "de grosses besognes" ingrates. Comme quoi, Hugo n'était pas si humaniste que cela au fond. Emporté par les mots, il arrive qu'on se trahisse, tant on est sûr de soi. Mais il n'y a pas que du mauvais chez cet écrivain, bien entendu. Il dénonce notamment la famine etc. et cela est tout à son honneur.
Etre taiseux a cet avantage que les mots ne vous emportent pas là où une forme de bêtise peut être détectée en vous. Mais il faut se lancer dans la vie, et oser parler, quitte comme Hugo à se prendre une gamelle parfois, s'apercevoir quelque temps après la "grosse commission", que l'on n'est pas aussi intelligent qu'espéré. On évolue, l'intelligence arrive peu à peu comme le jour se lève, chassant les mauvais rêves.
https://www.ibibliotheque.fr/les-miserables-victor-hugo-h...
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Dans le journal l'Avenir de l'Artois, une jeune libraire montre un livre de Marie Darieusecq, la mine mi-figue mi-raisin, à cause du contexte de confinement. Si la libraire avait montré le livre d'un auteur ou d'une auteure inconnus des médias, comme moi par exemple, qui ne suis pas mécontente de mon premier livre, (le deuxième est en cours), je l'aurais trouvée plus sympathique.
What else ? Sur une autre page de ce même journal, que vois-je ? Un homme, syndicaliste et surveillant de prison dénonce ce qu'il croit être une injustice. Les visites au parloir continuent, à son grand dam. Il allègue la crise sanitaire, et aussi le fait que lui et les gens non taulards ne peuvent pas voir les leurs, alors que les prisonniers, si, pour dénoncer cette terrible injustice.
No comment.
Et que vois-je plus loin ? des parents d'un enfant atteint d'autisme sont harcelés par des voisins, sans doute "pro-théorie culpabilité des parents" à mon sens, qui appellent donc la police à tout bout de champ quand l'enfant est bruyant, croyant bien faire. Ce qui dézingue les malheureux parents, déjà suffisamment éprouvés. Les voisins zélés doivent les prendre pour des parents maltraitants, mais à la longue, ils auraient dû comprendre leur méprise et plutôt proposer leur aide. À quand la fin des sectes ? À quand un réel humanisme ?
J'ai besoin d'une pause, là. À demain.
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