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26/08/2019

Fernando Pessoa ♣♣♣ Méditation avec les Carmes ♣♣♣ Les éléphants et l'alcool

"Pessoa also gave birth to Bernardo Soares, a "semiheteronym" who authored the sprawling fictional diary known as The Book of Disquietude ; António Mora, a prolific philosopher and sociologist; the Baron of Teive, an essayist; Thomas Crosse, whose critical writings in English promoted Portuguese literature in general and Alberto Caeiro's work in particular; I. I. Crosse, Thomas's brother and collaborator; Coelho Pacheco, poet; Raphael Baldaya, astrologer; Maria José, a nineteen-year-old hunchback consumptive who wrote a desperate, unmailed love letter to a handsome metalworker who passed under her window on his way to work each day; and so on."

 

 lu sur site Poem a day

 

Pessoa entra dans la peau de ses personnages, d'autres pensent qu'il leur donnait quasiment chair tant il s'investissait dans le travail de mise en situation des personnages, leur inventant une biographie etc. Il voulait remettre dans un contexte les personnages qu'il étudiait pour mieux cerner la réalité de certaines situations que pouvaient vivre des gens à son époque notamment. Dans cet extrait nous est dit qu'il est aussi entré dans la peau d'une jeune fille bossue et phtisique (ou tuberculeuse) de 19 ans, qui écrivait des lettres d'amour, non envoyées, à un beau métallurgiste qui passait chaque jour sous sa fenêtre pour se rendre à son travail. Mets-toi dans ses mocassins durant un temps, avant de le juger... dit un proverbe Indien.

 

Romain Garry a, comme Pessoa, inventé des auteurs à ses écrits. Pessoa :

 

http://colimasson.over-blog.com/article-l-education-du-stoicien-par-le-baron-de-teive-date-de-fernando-pessoa-115402172.html

 

♣♣♣

 

Méditation avec les Carmes :

 

"Ces trois mises en garde de Jésus rendent un son inhabituel. C'est que l'enjeu est grave et que Jésus, dans ces controverses de Matthieu 23, est confronté à des hommes qui se posent en guides de leurs frères sur la route du salut.

Le premier avertissement vise l'hypocrisie des scribes et des Pharisiens, c'est-à-dire des intellectuels et de ceux qui agissent sur l'opinion de la classe moyenne. Une hypocrisie qui se double d'un abus de pouvoir ; en effet, tout en tournant le dos, pour eux-mêmes, à l'aventure de la foi, ils la rendent impossible pour les autres qui, loyalement, cherchent Dieu. Ils s'interposent de toute leur masse entre Dieu et les hommes ; ils barrent la porte du Royaume ou la route de la conversion communautaire. Ils n'en finissent de se donner à Dieu, mais ne cessent de donner des leçons aux hommes, et si on les laissait faire, leur échec deviendrait l'échec de tous, le naufrage de leur foi engloutirait la foi des autres.

Après le drame et parfois le mensonge de ceux qui ont stérilisé toute leur espérance, voici maintenant une autre hypocrisie, une autre comédie que dénonce Jésus : le zèle mal orienté, l'apostolat au seul bénéfice de l'apôtre : "Vous parcourez mers et continents pour gagner un seul prosélyte, et quand il l'est devenu, vous le rendez digne de la géhenne, deux fois plus que vous !"

Un homme se convertit, il est gagné !... Mais gagné pour qui ? Pour le Christ sauveur, libérateur, pacificateur ? ou pour le propagandiste qui l'a pris en main, et qui va exercer sur lui sa volonté de puissance ? L'homme s'est converti au Christ, mais que lui propose-t-on comme modèle ? Le Christ, vraiment le Christ, l'Homme-Dieu, Sauveur de tous les hommes, ou bien le Christ déjà récupéré par une idéologie, déjà minimisé par le doute ou l'ironie ? L'homme s'est mis en route vers le Christ, mais qui sera son héros, le Christ, Jésus de Nazareth, où le témoin du Christ qui se taille lui-même son salaire, et qui prend dans la vie ou dans le cœur du converti ou de son compagnon une place qui n'appartient qu'à Jésus ?

Pour sa troisième mise en garde, Jésus se fait nettement plus sévère : "Guides aveugles … insensés et aveugles"... Et sa pensée est pour nous un peu plus difficile à saisir, parce que Jésus dénonce des serments qui ne sont plus guère en usage dans notre monde. De son temps on jurait volontiers par le sanctuaire, par l'autel, par le ciel, etc.... Toutes choses qui, de près ou de loin, avaient trait à Dieu et à son culte. On jurait ainsi pour donner du poids à une affirmation, mais aussi et surtout pour donner force juridique à un témoignage et donc pour emporter la décision du juge en matière importante.

Regardons bien ce que critique Jésus : dans d'autres contextes, il dénonce l'abus des serments ; ici il reproche aux Pharisiens de fausser la hiérarchie des valeurs, d'inverser les véritables priorités, de faire plus de cas des dorures que du sanctuaire, des offrandes que de l'autel, mais surtout de prendre pour critères des choses matérielles, des détails secondaires, alors que la référence ultime devrait être Dieu qui habite les choses, qui les valorise, ou qui les agrée.

Voilà bien des dangers qui nous guettent, personnellement et communautairement : tourner le dos aux véritables priorités spirituelles, s'enliser dans les choses en négligeant Celui qui leur donne du prix, "ne jurer" que par son propre senti sans plus se référer à l'œuvre commune, à la gloire de Dieu et au salut du monde.

Que Jésus nous garde de toutes ces dérives de l'intelligence et du cœur, par la force et la douceur de son Esprit ; et qu'il nous retrouve chaque matin les mains ouvertes, à l'écoute de ses Béatitudes."

 

Amen. Ces Carmes sont apaisantes.

 

♣♣♣

 

Face à certains travaux pénibles, les éléphants ne répugnent pas à boire un remontant :

 

Extrait de la chronique de Gustave Le Rouge qui s'intitule :

 

LES CHRONIQUES DE GUSTAVE LE ROUGE (6) : DES ÉLÉPHANTS GRÉVISTES QUI RÉCLAMENT LEUR DÛ

 

"L’entrepreneur des docks de Bombay possédait une douzaine d’éléphants qui travaillaient toute la journée au déchargement des navires et accomplissaient sans fatigue le travail de deux ou trois cents dockers.

 

Les éléphants, sans y être contraints par personne, arrivaient le matin sur le quai à l’heure exacte ; le plus vieux d’entre eux répartissait entre ses congénères les fardeaux qu’on lui désignait d’une façon tellement équitable qu’on n’eût pas trouvé la différence d’un kilogramme entre le chargement de deux animaux ; et jamais il ne dépassait pour aucun de ses camarades un poids convenu et, pour ainsi dire inscrit d’avance, dans la mémoire mathématique des pachydermes.

 

D’un commun accord, un peu avant le coucher du soleil, les éléphants, très probablement partisans de la journée de huit heures, abandonnaient le chantier et se rendaient processionnellement au bureau de l’entrepreneur. Tour à tour et par rang d’âge, ils se présentaient à un guichet où un employé délivrait à chacun d’eux une bouteille de mauvais alcool de riz. Ils saisissaient le flacon par le goulot avec leur trompe, en absorbaient d’un trait le contenu et rentraient se coucher dans un ordre admirable, sans être gardés par aucun cornac.

 

Cependant, à la suite des protestations d’un ministre d’une secte très sévère de passage à Bombay, l’entrepreneur qui, pour les stimuler, avait eu la mauvaise pensée d’habituer ces pauvres animaux à l’alcool, résolut de leur supprimer leur ration de liqueur."

 

Intégral :

 

https://laporteouverte.me/2015/07/31/les-chroniques-de-gustave-le-rouge-6-des-elephants-grevistes-qui-reclament-leur-du/