26/09/2017
point de vue instantané sur Molière
Il est reposant à lire ce Molière avec son rythme de phrase cadencé et son sourire sous cape derrière ses propos qui pourtant ciblaient les uns et les autres.
De deux choses l'une, ceux qui se reconnaissaient dans un personnage ridicule pouvaient lui être reconnaissants de pouvoir faire à cette occasion le point sur eux-mêmes, car ils étaient ainsi qu'on les décrit mais à leur insu, et voilà une opportunité de s'améliorer.
Mais s'ils faisaient exprès d'être tels que les dépeint Molière, par égoïsme viscéral ou méchanceté, alors ils pouvaient lui en vouloir d'avoir percé à jour leur "vilenie." Car parmi ces bourgeois et ces aristocrates il y avait pas mal de "vilains"
Molière n'était pas parfait pour autant ; il se moquait volontiers des cocus, quand lui-même l'était à ce qu'on dit.
Autre configuration complexe : certains pouvaient lui en vouloir parce qu'ils avaient compris que Molière les ciblait et ils se fâchaient plus ou moins avec lui du fait de son insistance selon eux, réelle ou pas, pour qu'ils soient reconnus par le public tels qu'il les décrivait. Ils se sentaient stigmatisés à tort, pouvaient le juger à leur tour mal intentionné du même coup, alors que selon eux, Molière, à travers le personnage censé les représenter faisait réellement erreur sur leur compte (on peut parler de projection en ce cas).
Et pourquoi pas ? Molière n'avait pas la science infuse qui permet de pénétrer toutes les âmes. Il a pu se faire une idée de certaines personnes, s'en inspirer pour créer un personnage ridicule, juste parce que superficiellement, peut-être par timidité ou autre, elles lui ont donné une impression mauvaise. Faire comprendre au public qui est ciblé.... et se tromper sur le compte de ceux qui l'ont inspiré en somme.
Pour autant il y a du positif côté universalité, car les personnages gardent leur utilité, ils font réfléchir. Et Molière ayant l'art de la belle langue, de la manier à merveille, avec légèreté, même quand il se fait "mauvaise langue" éventuellement par rapport à ceux qui lui donnent des idées de personnages et ne se retrouvent pas vraiment à leur avantage, reste du coup un bonhomme solide qui passa outre le fait qu'il pouvait éventuellement offenser.
Écrire est une prise de risque. Que les offensés pardonnent à Molière ! C'était pour la bonne cause. Si cela se trouve, Molière à son insu a peut-être dépeint quelques-uns de ses propres travers... a tenté de s'en débarrasser en se défaussant mais sans le faire exprès....
Lire une simple tirade de Molière fait encore avancer aujourd'hui. Et puis, il repose tant sa légèreté n'est pas lourde (oxymore volontaire).... il n'y a pas de réelle méchanceté chez lui, sinon ce serait lourd....non ?
Quant à moi, je fais gaffe, n'ayant pas le génie de la langue comme lui hélas, écrire est un double risque !
20:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
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