31/12/2016
La voix de Roger Vailland ♣♣♣ Le peuple indomptable
Ce matin, j'ai écouté le son de la voix de Roger Vailland (lien sous ces quelques lignes).
Roger Vailland a été successivement catholique, poète, communiste puis a pris de la distance avec ce qu'il appelle "ses écoles" qu'il voit comme des passages, dont il n'a renié aucune avant de se retrouver volontairement "seul face à face avec le monde et avec soi." Il en dit quelques mots ici (archives INA) :
http://fresques.ina.fr/rhone-alpes/fiche-media/Rhonal0030...
Je lis en ce moment Beau Masque, qu'il a écrit durant les années de son engagement communiste. On y voit notamment les intrigues de cour en quelque sorte du monde industriel et banquier, où évoluent des êtres pour la plupart forts en petits calculs et en comptabilité tout en étant pour certains étrangement puérils... mais pas tous. Un banquier par exemple se montre humain lorsque son beau-fils, fils d'un patron d'une grande filature, prend le parti des communistes qui ont à faire face à de prochains licenciements massifs d'ouvriers en raison de l'arrivée de machines plus performantes qui vont remplacer l'homme. Roger Vailland met ces mots dans la bouche du banquier citant Montaigne à son beau-fils :
"On nous apprend à vivre quand la vie est passée. Cent écoliers ont pris la vérole avant que d'être arrivés à leur leçon d'Aristote sur la tempérance ....
[...] Comment assouvirait-il des envies qui croissent à mesure qu'elles se remplissent ? Qui a sa pensée à prendre, ne l'a plus à ce qu'il a pris."
Le banquier cite d'un ton léger des propos de Montaigne à son beau-fils pour lui expliquer le comportement de la mère de celui-ci. Il a compris que Philippe, le beau-fils en question, n'aime pas sa mère qui notamment est prête à mettre à la porte la moitié du personnel de la filature dont il est le directeur de représentation, Philippe soupçonne aussi celle-ci d'avoir ni plus ni moins tué son mari (le père de Philippe) pour arriver à ses fins : réaliser un mariage encore plus avantageux avec le banquier Empoli, son actuel beau-père. Lorsque le banquier Empoli cite Montaigne, les deux ont fini par sympathiser, Empoli ayant compris que sa femme mise maintenant sur un divorce pour se remarier avec un Durand de Chambord, "encore plus fortuné que lui" ( NP, une manie cette course au mariage "avantageux" ! je sais, on dirait de prime abord un sujet de la revue Confidences avec toutes ces intrigues d'alliances sur fond de puérilité. J'ai d'ailleurs du mal à résumer). Il dit à Philippe au sujet de la mère de celui-ci, qu'il a fini par épouser donc :
— As-tu ramarqué que, quand ta mère entre dans un salon, c'est toujours l'homme le plus riche qui lui fait la cour ?
— Je ne fréquente pas la bonne société, dit Philippe.
— Les hommes qui peuvent tout acheter, poursuit Empoli, sont attirés par les femmes froides. La froideur, quand elle est si grande qu'elle ne permet pas la feinte, est la seule fierté qui ne plie pas devant eux. Ils ne cessent jamais de chercher la femme dont ils pourront dire " Elle est le seul échec de ma vie..."
[...]
Ta mère s'est servie de moi, comme elle s'est servie de ton père et de ton grand-père. Maintenant elle utilise ma sœur. Si elle parvient à entrer dans la famille Durand de Chambord, elle aura fait la plus étonnante carrière du siècle..."
Et le banquier de citer Montaigne à la suite de ce propos, comme pour en tirer l'ultime explication comportementale. Plus haut, il dit encore de sa femme :
"Elle s'est élevée méthodiquement dans ce qu'elle appelle l'échelle sociale, sans jamais s'apercevoir que les barreaux en sont désormais pourris..."
Page 148 et suivante, du livre intitulé Beau Masque de Roger Vailland.
♣♣♣
"Un peuple qui grimpe sur les crêtes et qui dort sous les étoiles dans les prairies de haute montagne, qui pénètre dans la forêt et escalade les sommets, explore les glaciers et se promène sur les crêtes enfouies dans la neige - ce peuple donnera au pays un peu de l'esprit indomptable des montagnes."
William O. Douglas
A people who climb the ridges and sleep under the stars in high mountain meadows, who enter the forest and scale the peaks, who explore glaciers and walk ridges buried deep in snow—these people will give the country some of the indomitable spirit of the mountains.
Lu ce matin dans The Daily Ray of Hope
"Douglas était un homme qui aimait le grand air. Selon The Thru-Hiker's Companion, un guide publié par l'Appalachian Trail Club, Douglas parcourut l'intégralité des 3 200 km du sentier de Georgie jusqu'au Maine. Son amour de la nature se retrouvera dans ses raisonnements juridiques."
Wikipédia
07:37 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
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