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14/10/2014

La vente... sans se vanter

Hier je suis allée au marché.  La vendeuse de poulets rôtis  fait du spectacle tout en vendant pour amuser le client qui patiente devant son étal en attendant d'être servi, ou  du fait simplement de son naturel théâtral. La communication avec sa clientèle, elle la base sur son vécu généreusement raconté, sans crainte du ridicule,  qu'elle ne brave pas pour autant, puisque tout lui vient naturellement dirait-on. Elle aime son parler picard, fait des fautes exprès, dit "en n'Hollande", avec ostentation : "mes garchons y étêtent en n'Hollande" et, en causant elle distribue des œillades de complicité aux uns, de son bel œil couleur noisette, tout rond, et plein d'espièglerie,  aux dépens de ceux  qu'elle veut "charrier" pour rire un peu, et tout le monde en effet, de rire. C'est l'instinct de la vente. Vendre des poulets étant plus aisé que vendre des livres, l'attitude marchande de la dame est diamétralement opposée à celle des vendeurs de bouquins qui finissent toujours, eux,  par avoir des airs patients ou ennuyés comme dans une salle d'attente. Concernant la conversation de la vendeuse du marché,  il s'agissait en fait de la peur que lui avait causée ses fils en sortant en boîte en Hollande. Ils en étaient revenus sans la voiture, mais vivants, insistait-elle, goguenarde "l'prochain coup qu'o voulez  sortir, rien à foutre, vous vous démerdez. O n'aurez qu'à prind' ché vélos !". J'ai compris que son allant,  sa bonne humeur venait de là : ils étaient rentrés les fistons. Tandis que les clientes prenaient des airs faussement compassés juste après avoir lâché quelques éclats de rire, elle parlait de sa chance  car ce n'est pas le cas pour d'autres, en nombre, disait-elle, qui se crashent dans les fossés du côté de Lille chaque week-end. Le côté insolent de la chance que voulez-vous ! ...  mais tout était dit avec tellement d'énergie, sans penser à mal, comme ça... que je ne l'ai pas trouvée si lourde dans sa légèreté cette Gavrochette. J'y retournerai à l'occasion... l'an dernier, quand j'étais allée, elle racontait que  sa maison était inondée, et  mal assurée...  hier il fallait aller rechercher la voiture des fistons en fourrière en Hollande... et elle misait, avec toujours un dynamisme communicatif, sur une somme conséquente pour rapatrier la chose. La vie trépidante d'une madame la vendeuse de poulets, tout à sa reconnaissance pour la vie, lui prodiguant  divers miracles au sein même de l'épreuve ; elle a de la veine c'est vrai,  lors de l'inondation de sa maison, elle était sortie du déluge bien vivante, plus vivante que jamais.

 

05:19 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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