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07/05/2014

Bonne pulsion de Pauline Pucciano

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09:39 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

monotonie

La monotonie est ce qu'il y a de plus beau ou de plus affreux. De plus beau si c'est un reflet de l'éternité. De plus affreux si c'est l'indice d'une perpétuité sans changement. Temps dépassé ou temps stérilisé. Le cercle est le symbole de la belle monotonie, l'oscillation pendulaire de la monotonie atroce. S. Weil, Pesanteur, 1943, p.179.

 

À ce propos, par rapport à la position de Simone Weil sur le thème de la monotonie, j'étais entre les deux ce matin. Je n'avais pas le sentiment d'un reflet d'éternité quand le petit fait anodin s'est produit, ni non plus que c'était l'indice d'une perpétuité sans changement, parce que dès lors que se produit un petit fait, si anodin soit-il, et même s'il s'est répété la veille à la même heure... ça tient quand même plus du miracle dans mon cas de figure, du fait que, si cela s'est répété et risque de se répéter encore, c'est d'une façon un peu différente chaque fois. Je vous explique. Hier j'ai conduit Patrick à la gare, je suis revenue à la maison, j'ai garé ma voiture un peu à cheval sur le trottoir d'en face, laissant le moteur tourner, je suis allée ouvrir la porte du garage, puis, une fois remontée dans ma voiture, je me suis apprêtée à la rentrer dans le garage sus mentionné, mais un jeune homme blond, pâlichon et aimable  arrivait et j'ai calculé en une seconde que le temps d'amorcer mon virage, je couperais pile poil le chemin, qui se trouvait être le trottoir opposé, du pendulaire. J'ai donc opté de le laisser passer avant d'amorcer ma manœuvre, ai laissé ronfler le moteur attendant qu'il approche et dépasse la porte du garage. Le jeune homme, qui me connait bien du fait même que nous sommes deux pendulaires du quartier, conscient de mon civisme, n'a néanmoins pas hâté le pas mais en a profité pour tourner la tête vers moi afin de m'adresser un sourire des plus aimables. J'ai ensuite rentré la voiture. Fin du petit fait somme toute anodin et qui s'est exactement reproduit à la même heure ce matin. Ni lui ni moi n'avons calculé et paf, le même topo, sauf que cette fois, comme il pleuvait j'ai descendu la vitre et lui ai grimacé un sourire bienveillant en hochant la tête, ce que je n'avais pas fait la veille. Lui de son côté n'a pas prononcé un bonjour audible, mais juste esquissé, sans se départir d'un aimable sourire Joconde. Là réside la différence : dans la façon de nous saluer cette fois. L'autre différence, c'était le temps : aujourd'hui il pleuvait des cordes, le ciel s'était fait présent différemment.

 

Quand j'étais jeune la routine était ma pire ennemie, le sens de l'observation se développant, elle a plus de mal avec moi.

 

Autres observations : je stoppe plus vite que mon ombre en voiture, tel Lucky Luke tire, moi je stoppe. Ainsi, me trouvant à un rond-point gris de pluie, j'arrête résolument avant de tourner et avant même d'y avoir pensé me semble-t-il, et qui vois-je alors, qui trottinait telle une petite souris, sous un immense parapluie gris, de sorte que je ne distinguai finalement que deux gambettes moulées dans un jean et le bas d'un blouson noir ? Une petite jeune fille qui traversait brusquement, sur le passage piéton certes, mais quasiment invisible. Je m'étais arrêtée avant de l'avoir vue, par réflexe en temps de pluie peut-être. Idem à un croisement un peu plus loin où déboula à toute blinde une camionnette blanche remplie d'ouvriers qui se rendaient au travail. Je me suis arrêtée tel un automate, sans l'avoir détectée auparavant. Comme si l'expérience du temps et une certaine monotonie des trajets nous pétrissaient de bons réflexes.

 

09:20 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)