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22/02/2014

Les mystérieuses affinités

Alors finalement me voici avec Mouchette 2. Et après la lecture de Mouchette, je n'aurai plus qu'à reporter le gros livre de Bernanos à la bibliothèque municipale, avec regret. Ce pavé magistral comprend plusieurs romans :

Sous le soleil de satan ; l'imposture ; la joie ; un crime ; un mauvais rêve ; journal d'un curé de campagne ; nouvelle histoire de Mouchette ; monsieur Ouine, et enfin : les grands cimetières sous la lune.

 

Je suis tout à fait insensible aux effets spéciaux cinématographiques,  la belle et la bête de Cocteau, version théâtrale de bric et de broc ou en technicolor, et en tridimensionnel m'indiffèrent assez, c'est une question de génération, sûrement ; par contre, toute forme de poésie par les mots me touche, je crois, (même les rimes, finalement)... voilà pourquoi je suis aussi bien Bernanos que Prévert et la grande Sand et Fournier etc., qui font fuser des images et des ambiances et des mondes par, simplement, leur façon de dire, d'écrire,  leurs mots.

Je comprends les méandres de Bernanos sur un plan politique. Son rêve, de ce point de vue, je pense l'avoir deviné, est une sorte de chevalerie qui défend les vulnérables, comme celle du Moyen-Age. Effectivement, il ne défend pas spécialement l'ensemble des ouvriers mais peut défendre l'un ou l'autre, plusieurs à la fois même, si l'occasion se présente à lui, et cela, de façon assez radicalement différente de don Quichotte (que j'adore aussi par ailleurs). Bernanos se méfie en général de ce qui fait groupe, cela ressort peut-être de son histoire personnelle et sûrement de ce à quoi il a été sensibilisé dès l'enfance : l'homme, d'un coup, isolé. Il se méfie aussi des "rouges", c'est évident, mais les a défendus auprès des instances religieuses lors de la guerre civile d'Espagne. Michel Del Castillo, qui a écrit la préface de l'œuvre de Bernanos, est un "fils de rouge", comme il dit, qui ne s'est pas suicidé à une époque d'exil en France, parce qu'il a retrouvé l'Espagne qui lui manquait à travers la lecture des livres de Bernanos. C'est ce dont il témoigne en quelques lignes. Complexe tout cela ? Pas pour moi. Il faut dire que  je connais moi aussi cette culture, qui me fait  comprendre le cheminement de Bernanos. Ses aversions, (finalement assez superficielles, à l'inverse de Céline qui focalise beaucoup), je les comprends aussi et cela, du fait que J'étais pour ma part une enfant d'ouvrier plutôt  malmenée, petite,  par une grand-mère qui m'avait prise en grippe, et c'est peu de le dire. Allez savoir pourquoi, j'étais banale physiquement,  rien de particulier, et pas trop stupide (mais à la longue je le serais devenue.) Mon père au courant, me défendit un certain temps... puis se lassa des plaintes de ma grand-mère à mon encontre. Milieu difficile pour moi, où les uns sont acceptés, les autres, non, sans que, personnellement, j'aie pu comprendre un jour les mystérieux mécanismes des comportements de rejets ou de protection, dont les enfants de ce milieu sont l'objet. Au bout du compte, cela fit de moi quelqu'un au caractère qui a à voir avec celui du chat. Je ne me suis identifiée à personne, je crois, au sein du milieu ouvrier de mon enfance et de mon adolescence, par contre, je n'ai pas oublié l'accueil des religieuses quand je suis entrée à l'école à quatre ans (quatre ans, d'après ce qu'on dit). Accueil chaleureux qui me sortit vraiment des griffes de Folcoche. Durant quelques années, j'ai même été parmi les préférées d'une religieuse à l'aspect d'une elfe, très jolie.  Un jour elle a écrit sur le grand tableau noir, mon prénom suivi de "a une voix claire et nette." j'étais la seule à porter ce prénom dans la classe, craquant, non ?

Alors ? Vous comprenez mieux maintenant mes quelques affinités avec Bernanos ? Cela dit, j'aime également Alain Fournier, poète puissant s'il en est lui aussi... et républicain. Incessamment sous peu, je me replonge dans Le grand Meaulnes, promis.            

03:42 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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