24/10/2013
Surveillance
Un film où, la surveillance mise en abyme, le spectateur à souvent l’occasion de voir des personnages jouant les agents de sécurité, en train de surveiller tout ce qui se passe au sein du microcosme d‘un hyper marché. Le zèle ne s’applique pas à la seule clientèle mais aussi au personnel, en raison de nombreux vols qui seraient commis en interne. Les surveillants, de leur « aquarium », zooment sur tel ou tel employé, jusque parfois dans les toilettes (partie lavabos pour les femmes) et les couloirs de bureau, surtout lorsqu’il s‘agit d’un certain syndicaliste que la direction honnit particulièrement. Ce dernier finit par être suivi physiquement, de façon de plus en plus rapprochée par un agent de sécurité instrumentalisé par ses « supérieurs » (dans la hiérarchie de ce petit univers très oppressant). Ce bourreau involontaire, personnage principal du film, est suffisamment borné ou zélé (au choix) pour ne pas se douter que le but réel de sa mission vise à l’élimination pur et simple du gêneur. Pourquoi tant de zèle ? En partie parce qu’il baigne dans la culture de superman que véhiculent les jeux vidéos auxquels il est très assidu.
Ce film fait part de la réalité oppressante d’aujourd’hui, il montre par exemple une caissière se soumettant aux volontés avilissantes perverses et, en ce qui la concerne, strictement sexuelles, du sous-directeur de l’hyper-marché, par peur du chômage. Car être au chômage de nos jours tient du martyr lorsqu’on voit que cela peut aller jusqu’au retrait de la garde d’un enfant. Ce dont témoigne par ailleurs le film par le biais de cet agent de sécurité qui en fait trop, et dont les agissements sont aussi à attribuer au fait qu’il veuille à tout prix se faire engager pour de bon afin d’obtenir la garde alternée de son fils. Cela renvoie, incidememnt ou non, à la politique des pouvoirs publics et/ou privés, de plus en plus intrusifs, prenant notamment, plus ou moins hypocritement ou non, la protection de l’enfant comme raison essentielle de cette politique, ou alibi selon la sensibilité de chacun. Des modes de vie dont la valeur, à mon sens, est de plus en plus jugée arbitrairement à l'aune des valeurs établies, quand le chômage contraint à mener un style de vie qui n’a souvent que les apparences de l’oisiveté. Les journaux télévisés témoignent des drames sur lesquels ces préjugés peuvent parfois déboucher, avec notamment le cas tragique de Fiona qui fut enlevée à un père aimant, mais au chômage, pour être confiée à des personnes qui la maltraitaient. Pour en revenir à ce film, L’agent de sécurité en question et la caissière, couple charmant, ont pour rêve principal, pour ne pas dire seul rêve, de tenir un restaurant important. Ces jeunes en dépit de leur quotidien difficile n'ont pas envie de s'évader, même en rêve, de la sphère du consumérisme. Cela dit, les choix de tout un chacun ne sont-ils pas en train de se rétrécir comme peaux de chagrin ?
Outre ce film mais encore au sujet des choix :
La banque, sans demander l'avis des clients munit, depuis peu en France, les cartes bancaires d'une puce "grâce" à laquelle les gens n'ont plus à taper leur code, il suffit de passer la carte sur quelque chose, et le paiement est enregistré. C'est un état de fait, j'en ai été avertie par la caissière qui m'a annoncé, après inspection de ma carte, qu'il me suffisait de la poser et le tour était joué. Vols de cartes démultipliés en perspective, non ? En tout cas tentation décuplée pour les voleurs potentiels.
Les jeunes du film Surveillance croient avoir un rêve de restaurant important mais vu le contexte, il est difficile de savoir si ce rêve leur appartient réellement. Un très bon téléfilm tant il donne à réfléchir, que j'ai pu visionner à une heure où d'ordinaire je dors. Fraîche et dispo grâce à une judicieuse petite sieste faite auparavant dans l'après-midi. Là encore, concernant les heures de sommeil, il s'agit moins d'un choix que des aléas de l'âge arrivant. Personne, j'espère, n'aura à redire sur ce "mode de vie". Je termine ma note avec un bravo pour les comédiens de Surveillance, tous très bons.
10:10 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
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