21/10/2013
Esprit critique
"Un sommet de ridicule est atteint lorsque de Gaulle entre en scène, sous le nom de Jean de Grandberger (pourquoi pas Arthur de Noblepasteur ou Georges de Beaugardien, tant qu’on y est ?) «Ces derniers mois, le général de Grandberger riait rarement, ou bien c’était d’un rire sardonique. Mépris et dépit étaient à son menu quotidien. Décidément, personne ne lui arrivait à la cheville ! Plus sarcastique que facétieux, aussi corrosif que navré, amenuisé par la paix comme l’est tout général, Jean de Grandberger mêlait colère, lucidité et partialité. Depuis qu’il s’était retiré des affaires publiques, l’âge de la retraite ayant aussi clos sa carrière militaire, il méprisait le monde et en souffrait. Il aurait préféré l’estimer et se féliciter de la tournure des choses.» Ne jugeons même pas la prose, et concentrons-nous sur le «code de lecture» (comme disent les cuistres) qui commande ce passage. Qui peut lire sérieusement – c’est-à-dire, à tout le moins, sans avoir envie de ricaner – une série de chapitres où de Gaulle se voit affublé d’un pseudonyme ? Quel lecteur peut accepter un pacte fondé sur une mixture aussi grossière d’artifice et de transparence ? Et quel «romancier» faut-il être pour croire que les blessures impitoyablement datées et localisées de la mémoire nationale puissent supporter la gaze de la fable intemporelle ?"
http://www.juanasensio.com/archive/2013/10/12/alice-ferne...
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