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12/10/2013

Extrait d'interview, le tout donne beaucoup à réfléchir.

"Comment en es-tu à lire ces livres-là, sachant que tu as été khâgneux ?

 

 

Je devais apprendre par cœur des textes de Gérard Genette, Roland Barthes, et encore c’était là le haut du panier, bien meilleur tout de même que les textes de Georges Molinié, cacographe absolu. C’est le plus mauvais écrivant de France et de Navarre, qui est quand même devenu président de la Sorbonne… Il nous fallait absolument lire ça. Et on ne lisait pas les auteurs qui me tiennent à cœur comme Bernanos, Péguy… Bernanos, pour prendre un exemple précis, je l’ai découvert indirectement à l’occasion du film de Maurice Pialat, Sous le soleil de Satan, avec Bonnaire et Depardieu, qui est, je crois, sorti en 1988 sur les écrans. En 1988, j’étais en classe de Première et c’est notre professeur de français qui nous avait emmenés voir ce film, véritable choc qui m’a poussé à découvrir l’univers de Bernanos, dont j’ai littéralement dévoré les livres. En relisant Sous le soleil de Satan, on se rend compte que Pialat n’a bien évidemment pas compris un certain nombre de choses, mais peu importe. Je suis arrivé à ces auteurs par la figure du diable, à laquelle je me suis intéressé très tôt. Et, quand on s’intéresse à la figure du diable, fatalement, on ne peut que lire les plus grands auteurs, car un grand écrivain est un écrivain qui a exploré le mal. Et il n’y en a pas quarante. Dante, Shakespeare, Conrad, Bernanos, Dostoïevski, Faulkner, Thomas Mann.

 

 

C’est ton panthéon ?

 

 

Pas forcément. Mais ce sont des écrivains qui comptent et à mon sens, un grand artiste n’en est un que s’il s’interroge sur des vraies questions. Et la question la plus fondamentale, c’est la question du mal. Bernanos dit qu’il a découvert Léon Bloy lorsqu’il était dans les tranchées, pendant la guerre de 14-18, époque où il a également lu Ernest Hello. Ernest Hello, que plus personne ne connaît. J’ai dévoré les livres de Léon Bloy et tout ce qui se rapportait à ce grand écrivain, dont les livres étaient disponibles au magasin Fnac Bellecour, à Lyon, ce qui a dû tenir d’un miracle. Quand on lit Bloy, on ne peut tomber que sur Huysmans que Bloy détestait après l’avoir adoré. Et en lisant Huysmans, on découvre de nombreux autres auteurs, dont Hello justement. C’est ce qu’on appelle la transmission. Lire c’est apprendre le sens de la transmission. Et lire c’est ne jamais terminer de lire puisqu’un livre renvoie à un autre livre. C’est ce qu’a très bien compris Borges."

 

Intégral : http://www.lerideau.fr/juan-asensio/7645

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