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11/12/2012

Une nouvelle écrite ce matin, que j'intitule "Les disparus"

La femme baignait depuis quelques jours dans un recueillement qui n‘avait rien d’étrange, il lui était bénéfique, elle suivait l’enquête d’un écrivain anglais sur les faits et gestes de certains jeunes soldats et officiers britanniques de la Première Guerre mondiale. Sa lenteur à lire l’anglais et la teneur du texte lui donnaient le sentiment de décrypter des messages de vie, les jeunes morts dont il était question n’étaient pas des fantômes, c’était elle le fantôme, ils acceptaient cette lectrice comme tel, gentiment. Elle de son côté les voyait "ces disparus" comme des sortes d’anges  emplis d’humanité et, sans honte, admettait son peu de profondeur jusqu'ici face aux événements de la Première Guerre, savoir ne lui avait pas suffi. Ses aînés lui avaient constamment parlé des "poilus" concernant tous les soldats de la Première Guerre, un sobriquet qui n’inspirait pas suffisamment de respect à ceux qui n’avaient pas envie de creuser. Elle admettait d’autant plus ce manque de profondeur  que les choses étaient en train de changer, du fait sans doute de ce recueillement. Elle se trouvait à l’étage en train de lire ce livre, quand son compagnon lui annonça de la visite. Ses parents se tenaient dans la maison. Une maison dont elle ne s’était occupé que sommairement durant trois jours, "à cause du livre", car elle supportait mal le désordre en général. La table par exemple était recouverte de bouquins et de médicaments pour la grippe. Ils firent mine de rien, mais d’un coup, au détour d’une conversation, ils insultèrent un de leur petit fils, celui dont elle venait de leur demander des nouvelles. Ils l’insultaient elle à travers lui ou insultaient les deux peut-être bien, toujours est-il que tout se brouilla chez elle, plus de présence des disparus, les quatre chats s’étaient de même carapatés à leur arrivée, cette femme se sentit prisonnière, "faite comme un rat". Ils venaient de l’enfermer dans un malaise qui peu à peu finirait par devenir une colère qui la déborderait. L’encerclement infernal se profilait, le manque de recul par excellence du néophyte. Un maître à ce moment de détresse, un thérapeute pour tout dire, n'aurait pas été de trop. Lorsqu’ils furent partis la fille téléphona aux parents du garçon plus ou moins faussement insulté, elle voulait savoir au juste comment il allait. Les nouvelles étaient plutôt mauvaises, le garçon était en pleine rébellion. Elle l’invita avec le besoin de se montrer à la hauteur, à celle des disparus. Il fallait faire un signe à ce jeune homme qui paraît-il n’aimait que sa mère. Comme elle s’y attendait le rebelle finit par décliner l’invitation, ses parents l'annoncèrent à cette femme non sans une pointe de délectation,  comme le veut la coutume "de faire enrager". Alors que l’étau se refermait sur elle, les chats étaient revenus, mais toujours pas de sensation de présence concernant les disparus. Le soir son cœur faillit se faire la belle, il en avait manifestement sa claque de toute cette vieille colère. Ensuite elle alla apparemment s’isoler mais non, elle avait enfin réussi à reprendre sa lecture.

C'est une courte nouvelle dans laquelle je me suis prise comme "matière première", les événements sont de la fiction.

08:15 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (0)

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