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12/11/2012

Lui et moi

Un rat détonne dans le paysage, il n’est pas à sa place allongé comme une bête sacrificielle, au bas de la marche d’entrée, j’ai beau me douter qu’il s’agit de l’offrande d’un chat, un chat doux et pacifique envers ceux de son espèce et nous, les bipèdes, cela me dérange. Pas la moindre trace de sang, les jolies pattes du rat sont repliées vers le corps, dans un geste enfantin, sans crispation. Acceptation du sort. La peur qu'il a dû éprouver s’est effacée face à autre chose. Le rat en mourant a fermé à demi les yeux, fuite ultime, le museau à peine entrouvert semble avoir libéré un dernier soupir apaisé. Tchao la vie.

Tu étais de belle taille, sans être dodu. Je vois ta tête au microscope, à force de la regarder elle me donne l’impression d’être proéminente. Tu es de l’autre côté du miroir, mais ton museau inerte offre un reflet de toi assez significatif. Avant, à peine t’aurais-je aperçu, j’aurais poussé un cri, que tu sois mort ou vivant, quelque chose d’un peu hystérique, basique. Aujourd’hui tu ne m’inspires plus cette horreur ridicule. Ce déplacement bien malgré toi de ton corps jusqu’ici t’aura autrement dérangé, au point que tu n’as même pas cherché à combattre, tu es mort d’une façon plutôt spirituelle, en dépit de l’aspect monstrueux que tout chat doit avoir pour toi. Pour autant, je ne t’attraperai pas par la queue, manque d’aisance encore avec les morts de ton espèce… et les vivants. Les yeux mi-clos, j’avance prudemment vers toi, je coince ton corps entre un râteau et une pelle, te soulève, te dépose dans la poubelle, je la noue avec appréhension, crainte d’un miracle facétieux, j’emporte le tout jusqu’au conteneur, et voilà. Le patio a repris une allure automnale de lent pourrissement végétal.

12:08 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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