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12/10/2012

La vie comme elle va

Il fallait que je me bouge, en même temps j’avais envie d’écouter la suite des évènements concernant Fralip, une émission allait commencer qui leur était consacrée. J’emportais donc ma petite radio munie de piles, que je fourrai dans un sac et en avant pour une marche. Après l’averse, un ciel bleu, du soleil, une température douce, juste un léger vent. Direction le canal, je regarde les péniches rangées par deux ou trois le long du quai … Femo, Mikamage, Liberté, Thor, la Ch’ti… deux hommes en saluent un troisième qui vient de les quitter, puis se remettent à causer après m’avoir saluée, ils ont dû entendre le grésillement de la radio diffusant une chanson contestataire «  du boulot, y’en n’a plus … » égrène la chanson, les mariniers sourient, au bout d’un certain temps je vois une vieille dame vaquer sur sa péniche, je la hèle :

— Bonjour madame, vous pourriez me dire ce qu’est devenu le monsieur de cette maison, lui dis-je en pointant l’habitation du doigt, c’est un monsieur avec qui je parlais souvent et cela fait un moment que je ne le vois plus, sa dame non plus d’ailleurs …

— Ah ! Jean-Pierre, cela fait quelques mois déjà qu’il est décédé. Il était encore jeune. Il est rentré à l’hôpital et huit jours après il était mort. Elle est toujours là, elle, mais elle ne sort plus, elle ne sait plus marcher.

 

— Dommage, j’aimais bien ce couple. Très aimables tous les deux. Je me doutais bien de quelque chose. Merci madame.

 

La vieille marinière qui d’habitude aime prendre un air bourru m’adresse un sourire.

 

— Vous avez de la chance d’habiter sur une péniche comme ça, madame.

 

— Oh vous savez, c’est difficile à mon âge.

 

— C’est vrai que l’eau, c’est pas très bon pour les rhumatismes.

 

Nous nous saluons d’un large sourire et je m’en vais. Je rallume la radio que j’avais éteinte le temps de prendre des nouvelles de Jean-Pierre. Un monsieur qui marche quelques mètres en avant sursaute. Pas moyen d’avoir un son net, les piles sont usées, le grésillement ne permet plus de distinguer le son. J’éteins et je rejoins le monsieur dans l’intention de le doubler. Il accélère l’allure, il avait envie de parler. Nous parlons de tout et de rien, il finit par me raconter des choses à propos des mariniers :

— Les mariniers n’aiment pas causer à ceux qui ne sont pas mariniers comme eux, ils sont assez claniques…

— Ah bon ?

— Ils aiment la bagarre. Avant il y avait beaucoup de bals par ici, et ceux qui n’étaient pas mariniers, s’ils invitaient une fille de marinier, ça déclenchait une bagarre tout de suite.

— Alors vous avez fini par ne plus aller à ces bals ?

— Si, mais on se renseignait avant d’inviter une fille à danser pour savoir si elle n’était pas une fille de marinier et, si c’était le cas, on la laissait tranquille.

 

J’en déduis que les gars qui m’ont saluée si chaleureusement tout à l’heure, petits fils des caïds en question, ainsi que la vieille dame, m’ont fait une fleur. Je les aime, moi, les mariniers. Pour Fralip, j’écouterai les infos ce soir.

 

 

 

18:04 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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