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24/07/2012

Golem

Jeudi avait rejoint Tom. Il le regarda dessiner une caricature d’Odette au milieu d’un cercle de badauds amusés. Odette s’était parée de la perruque rousse et des lunettes à monture rouge qu‘elle affectionnait. Tous les deux n’avaient pas encore très bien décodé les évènements. La communauté des savants avait gagné tant le robot qui avait ramené Jeudi en avait bouché un coin aux Bléa, le sang n’avait pas coulé mais ils avaient été d’une certaine façon terrassés au point de ne pouvoir empêcher le gouvernement de venir mettre le nez dans leurs affaires, il en découlait des choses fort inquiétantes par ailleurs…tout le monde en effet allait être séparé ça et là dans le secteur ou même dans d’autres régions d’après les rumeurs et la forêt n’était plus sous la férule des chercheurs. Qu’en serait-il de l’hôpital, comment les Bléa allaient-ils réinvestir leur forêt, étaient-ils aussi cruels qu’on le disait vis-à-vis des « bohémiens » et alors si oui, le massacre n’était que différé. Que pouvaient faire chercheurs et savants ? Jusqu’ici ils avaient contourné le problème, certes, mais en avaient profité pour sauver pas mal de gens de la misère. Jeudi fit signe à Tom de venir, les spectateurs applaudirent quand Odette montra à la ronde sa caricature aux spectateurs, en vraie saltimbanque qu’elle était devenue au fil de leur marche, elle présenta aux savants un petit bol dans lequel ils s’empressèrent de mettre quelques pièces de monnaie, Odette salua, envoya un baiser à l’assistance et rejoignit Jeudi et Tom en train de converser.

— Le mythe de Golem contiendrait une part de vérité à voir le comportement d’Hector et de son entourage proche, pourtant la mécatronique et Golem ça fait deux.

— De quoi tu parles ? interrogea Tom

— Tu ne connais pas tes classiques, laisse tomber. Je trouve que Hector n’est pas dans son état normal. Dora souffre de son divorce avec un différé de cinq ans, tellement que je ne pense pas rester avec elle. Tout ça ressemble à une malédiction.

— … ou aux attraits du pouvoir qui corromprait l‘âme dit Tom sur le ton de la plaisanterie. Dora est peut-être atteinte du syndrome de Piéaumur continua-t-il en levant le doigt pour se caricaturer lui-même. Après un court silence il reprit plus sérieusement « Hector est devenu un « Glorieux » à ses yeux, si cela se trouve. Elle l’admire, c‘est très lié au sentiment amoureux chez les femmes.

— Elle fait partie de leur communauté, elle ne se laisse pas impressionner si facilement par des prouesses scientifiques. Tant qu’à faire elle aurait pu m’admirer moi, rétorqua amèrement Jeudi, c’est quand même moi qui ai risqué ma peau pour essayer de raisonner ces dingues. Hector n’a fait que téléguider un robot.

— Son prototype qui est une merveille sur un plan technologique. J’insiste, je pense toujours qu’elle n’est pas restée insensible à la prouesse technologique du dit Hector. Je l’ai pris moi-même, un dessinateur, pour un humain son robot. 

Jeudi s’agaça :

— Non, ce n’était pas dans son caractère de s’ébaubir devant une prouesse technologique. Il y a autre chose, de plus subtil. Dora n’est pas une minette, elle souffre en profondeur, comme si les deux ne s’étaient pas tout dit, elle est comme meurtrie maintenant. Géraldine réussirait à stabiliser Hector si elle le voulait mais Dora elle, personne ne peut l’aider pour l’instant, pas même moi. Elle est seule face à quelque chose qui la dépasse.

— Elle se remet en cause. Hector lui aura communiqué quelque chose d‘éprouvant, peut-être lui a-t-il fait ses adieux sur le plan amoureux, à sa manière intervint Odette, regardez là-bas comment Géraldine et Dora se considèrent, elles sont blêmes toutes les deux, c’est navrant, je n’imaginais pas les scientifiques comme ça.

— Ce ne sont pas des robots, lui répondit Jeudi, ils rêvent plus que nous, ce sont souvent de grands artistes aussi. Géraldine réalise des sculptures fantastiques avec une équipe de gueux, je suis allé voir. Je n’ai aucune idée de ce que les Bléassenghs feront de ces créations qui parsèment la forêt…

— À propos de rêve : cette nuit j’ai vu en rêve un adolescent, à cheval sur le rebord d’une fenêtre, il était figé comme une statue. C’est comme s’il criait « Je m’ennuie ! » Je me vois ensuite consulter un de mes anciens professeurs. Je suis allée dans sa maison. Plus tard j’erre avec un petit groupe de gens qui doit être ma famille, dans le village de mon enfance, j’entre dans une maison associative où se trouve un atelier de couture. Il y a des adolescentes, des femmes adultes. Personne ne m’adresse la parole, je ressors. Le groupe a pris de l’avance, je les rejoins et là, je vois ma petite sœur qui se retourne sur moi pour me dire « casse-toi ». Je tourne le dos au groupe, j’entends quelqu’un m’appeler sans conviction. Je m’allonge sur l’asphalte, il pleut. Je reçois une averse du tonnerre. Un homme me relève, il m’emmène, nous tombons amoureux…plus tard une fille danse devant nous. Un groupe d’enfants se trouve dans les coulisses, elle se précipite aux cris de l’un d’eux qui se trouvait sous le tas… sous un tas d’enfants et sauve le malheureux. 

Jeudi les considéra tous les deux, ils étaient perplexes

— N’allez pas vous laisser impressionner par un rêve ! Leur dit-il, les rêves il faut savoir les remettre à leur place. Ça ne dit que l’état d’esprit d’un moment… Dis-moi plutôt si tu connais l’histoire à propos de Golem Odette.    

 

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