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10/07/2012

Hector et Peter

Le lendemain matin les chercheurs qui avaient l’habitude de se retrouver autour de la grande table du petit déjeuner étaient là, ne manquait à l’appel que Géraldine, brillante mathématicienne en plus d’être une jeune femme de grande beauté. Elle n’avait pas, néanmoins, la renommée de Dora, n’était pas célèbre. D’un caractère plus effacé elle évitait au contraire la moindre interview concernant ses recherches et se contentait de mettre ses compétences et ses trouvailles au service des uns et des autres. Hector, Dora et Jeudi se chahutaient comme des enfants.

— Holà les enfants dit le docteur Dross, un peu de calme ! Laissez-moi vous annoncer une bonne nouvelle. 

— Nous avons gagné ? demanda Jeudi. Nous restons en zone Verte ?

— Nous gardons le contrôle de cette zone, des membres du gouvernement nous ont fait savoir il y a à peine une heure qu’ils ne voient pas à qui d’autre ils pourraient confier la surveillance de cette zone volcanique, sinon à Dora et son équipe. En ce qui concerne la robotique et l’informatique, Hector leur a fait une petite démonstration qui a mis en échec les manigances de Le Noble pour nous compromettre. Par contre, côté Bléassenghins, il reste quelques problèmes à régler... leur pouvoir au niveau régional est loin d’être négligeable. Nous allons donc devoir leur rendre une grande partie de la forêt, en plus de la Corne d’abondance. Pour le tourisme, les Bléassengh pourront hélas récupérer cette grande et magnifique maison que nous avions si bien investie. Elle fait partie de leur patrimoine, d‘après le gouvernement. Janin de son côté affirme que la bicoque les réconciliera avec eux-mêmes, avec les esprits de la forêt …

— … Et qui sait, à la longue, avec les traîne-misère, ceux qui comptent pour du beurre, les gueux...

ajouta Géraldine qui venait de faire son entrée. Le trio des amoureux avaient cessé d’être turbulent, et regardaient maintenant la nouvelle venue d’un air grave, comme si la jeunesse et la beauté de Géraldine les surprenaient,  la jeune femme leur avait communiqué sa mélancolie, elle continua :

«  J’ai passé la nuit avec Peter, Janin, sa fille et quelques gueux. Je leur ai raconté les performances d’Hector avec les robots, ils ont été rassurés. Hector, de qui j’étais vaguement la petite amie avant-hier encore … »

Au prénom de son fils Odette avait redoublé d’attention, mais outre cela, Géraldine lui devint soudainement sympathique en dépit de sa beauté froide.

— Tu as donc traversé la forêt seule ? C’était truffé de robots patrouilleurs ! Ils auraient pu t’immobiliser jusqu’à ce qu’on s’inquiète de ton absence. Tu n’as pas voulu que je te mette une puce. On t’aurait  vu arriver ici, menottes aux mains. Tu as failli te tourner en ridicule ! commenta Hector.

— D’autres s’en étaient bien chargés avant moi, répondit Géraldine sans passion. J’avais besoin de me retrouver. Tiens voilà ton jouet, ajouta-t-elle

Géraldine lui lança la tablette qui lui permettait de mettre les robots sous contrôle.

— Tu avais piqué ma tablette ! Les robots montent toujours la garde au moins ? Tu n’as pas fait de bêtise ?

— Je ne suis pas une enfant, ne prends pas ce ton avec moi ! Je leur ai donné le mot de passe. Toi, Janin et moi, étions les seuls à le connaître, si tu t’en souviens.

— Tu veux que je revienne Géraldine ? Attends, je te rejoins bientôt, le temps de prendre mes affaires.

— Non. Ton attitude m’a fait réfléchir, reste avec Dora et Jeudi si le cœur t’en dit. Janin et moi avons d’autres préoccupations que les vôtres. Nous cherchons un moyen de pacifier les Bléassengh. Janin m’a donné une idée : enseigner les math à d’anciens gueux qui sont avec lui depuis quelque temps déjà. À ceux qui le veulent, et qui ont des dispositions pour les maths évidemment. Ensuite nous les guiderons vers les Bléassenghs qui ont besoin de se perfectionner dans cette matière.

— Les robots sont d’excellents professeurs argumenta Hector. Et les Bléassenghs n’accepteront jamais d’anciens gueux comme prof de toute façon. N’oublie pas que les gueux sont marqués au poignet, ils les reconnaîtraient et les rejetteraient sur le champ, de plus ils prendraient cette proposition comme une nouvelle provocation de notre part. On dirait que tu ne les connais pas ! Si tu veux nous mettrons de nouveaux robots à leur service.

— Après ce qui leur est arrivé, ils vont peut-être commencer à se méfier de tes robots ! Quant aux robots- professeurs qu’ils ont déjà, ceux qui sont mauvais en math restent en échec avec eux. Les Bléassenghs ont besoin de présence humaine pour progresser. Les robots, aussi bien que les politiques, ne produisent pas de changement de mentalité. Janin m’a laissé entrevoir une possibilité de pacifier les Bléassenghs. Cette nuit par exemple j’étais perdue, et lui m’a aidée à me retrouver. Tu as sauvé Jeudi mais envers moi tu aurais pu devenir un bourreau ordinaire si Janin n’était pas venu à ma rencontre.

Dora contint sa colère et déclara sèchement 

— Ne cherche pas à culpabiliser Hector, Géraldine ! Nos relations ne te regardent pas.

— Alors cessez vous-même de me regarder et de me demander des comptes ! Je m’en vais.

Sur ces paroles, Géraldine leur tourna le dos et sortit. Le joli trio de potaches s’était dissout sous l’impact d’un tel coup. Chacun des trois protagonistes était redevenu grave. Jeudi, après pareille intervention, ne se sentait ni tout à fait innocent, ni tout à fait coupable mais un peu dans la peau de Géraldine ; une part de lui-même pensait ne pas mériter une telle enfant. Dora se trouva soudainement vieille sous le regard d’Odette qui, malgré des rides naissantes, lui sembla fraîche comme une fleur sous la rosée matinale. Les choses, malgré la victoire écrasante des chercheurs prirent un goût un peu amer pour tout le monde. À en croire cette enfant qu'était encore Géraldine à leurs yeux, un peu de laisser aller faisaient d’eux des Le Noble en puissance. Hector quitta sur le champ ses amis, récupéra ses affaires et alla s’installer dans une chambre du foyer hospitalier, auprès du chamane et de sa fille. Peter, qui avait pris ses quartiers non loin de là le contempla de ses yeux sombres à son arrivée. Hector lui trouva une ressemblance avec Géraldine, il trouvait que Peter aurait pu être son jeune frère, il avait le même regard. Il se prit à l’aimer et en ressentit une sorte d’apaisement.    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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