11/01/2012
Mouchette
Tout à l’heure une joggeuse m’a rattrapée puis doublée alors que je pédalais laborieusement le vent dans le nez ; la tête emmitouflée, col remonté jusqu’aux oreilles, crâne protégé d’un bonnet de laine recouvert d’une casquette à rabat, j’avais peine à me tourner vers elle pour répondre à son salut, un peu coincée que j’étais par une écharpe faisant inopinément office de minerve. L’insolente blondinette me doublait en devisant, à peine essoufflée, cheveux au vent et sociable en diable :
— Je vous voyais de loin, je m’étais donné pour objectif de vous rattraper.
— C’est vous dire comme je vais vite. Mais j’ai une excuse, je suis moins légère que vous et j’ai cinquante sept ans, vous êtes jeune vous.
— Il y en a qui a votre âge ne bougent déjà plus, après es’plaignent. Faut se bouger, après on rentre, on prend une bonne douche et on est bien comme tout. J’habite à la ferme juste au-dessus.
Elle m’oblige à accélérer le rythme, je relève le défi courageusement et continue de pédaler à son niveau ; cette jeune femme, en plus d’être fermière doit être une athlète confirmée, heureusement pour moi que la ferme n’est pas loin, je n’en peux plus ; enfin arrivée chez elle, elle tourne à toute vitesse dans la cour pavée tout en me saluant d’un « Au revoir ! Bonne continuation ! »
14:40 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.