23/12/2011
Les abattoirs en question
J’ai fini de lire La marche lente des glaciers. Marie Rouanet a l’art de communiquer les émotions et sentiments éprouvés à l’égard de ses parents avec authenticité, la vérité passe dans sa complexité ; la fatigue extrême des corps vieillissants soulève indirectement la question de l’euthanasie, l’auteure, si épouvantée soit-elle par instant, défend la vie des siens jusqu’au bout, devine et respecte le fil ténu de leur vies bouleversées par la maladie. C’est en cela que sa réflexion est précieuse, dans le bon sens du terme. Ceux qui ont lu La marche lente des glaciers comprendront que l’autre question abordée, des rapports d’admiration et de consommation du gibier, ne m’ait pas passionnée.
Se passer de viande, ce n’est pas si facile pour certains organismes. On peut essayer d’appliquer aux animaux ce concept ordinairement réservé humains, à savoir : "Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse" et finalement échouer. J’ai rompu avec ma résolution végétarienne, en remangeant dinde et poulet de temps en temps, non par envie mais pour pallier une prise de poids à incidence cardiaque. La végétarienne que j’étais il y a peu n’était pas atteinte d’angélisme comme pourraient le subodorer certains sceptiques, ma motivation étant principalement liée à la répugnance physique de manger de la bidoche. Cela est parti d’une première "incapacité" à manger du veau et tout bovin en général en souvenir d’une nuit blanche dans un gîte rural situé à côté d’une étable à vaches, d’où j’entendais l’une d’elle "pleurer" bruyamment son petit, emmené quelques heures plus tôt à l’abattoir. C’est bête comme chou le déclenchement de ces mécanismes de répulsion. Parfois, le végétarien, de peur d’être pris pour un(e) bégueule peut frimer devant la compagnie en mâchonnant ostensiblement un bout de saucisson, juste pour donner le change, mais c’est tellement à contrecœur que ça frise le masochisme.
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