12/11/2011
La tirade du comte
Dans une tirade du deuxième acte de L’amour puni de Anouilh le comte dit :
"Je ne sais d’ailleurs pas quelle conjuration de cagots et de vieilles filles a pu réussir, en deux siècles à discréditer le mot plaisir. C’est un des mots les plus doux et les plus nobles de la langue. Je ne suis pas croyant mais si je l’étais, je crois que je communierais avec plaisir. Le mal et le bien, aux origines, cela a dû être ce qui faisait plaisir ou non — tout bonnement. Toute la morale de ces cafards repose précisément sur ce petit mot fragile et léger qu’ils abhorrent. Pourquoi l’amour ne serait-il pas d’abord ce qui fait plaisir au cœur ? On a bien le temps de souffrir par la suite."
J’ai un souvenir plus positif de la religion, lié à mon enfance. Je me rappelle justement tous ces plaisirs qui s'y rattachaient. Nous étions dans une sorte de bulle, les contes de fées avaient l’air bien palots à côté des histoires du vagabond sublime et de ses compagnons, écumant la Palestine et les régions environnantes. Les noces de Cana ; ces gens dans la galère que d’un coup ce personnage lumineux rendait heureux ; cette femme qu’il sauva alors qu’on s’apprêtait à la lyncher "Que celui qui n’a jamais pêché lui lance la première pierre."(frissons de connivence avec notre héros) etc. Je ne me lassais pas d’écouter ces "souvenirs concernant le mystérieux fils de l’homme". La porte s’est fermée depuis sur ce petit paradis que devenait l'enfance dès que je me trouvais en compagnie de ces religieux. Prières, chants, extase pour certains, confiance encouragée, ce doit être un bonheur d’avoir toujours accès à ce monde. Cet univers m'évoque une danse de soufis, ou une ronde à laquelle j'ai participé.
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