14/10/2011
Flammable
Dans Duel de Spielberg, deux conducteurs, l’un d’un camion - citerne très mastoc, l’autre d’une petite voiture rouge, perdent les pédales. Un jeu de domination qui tourne mal. Le premier enrage de s’être fait doubler par la petite voiture rouge sur laquelle il va finalement focaliser, le second, partagé entre le désir de fuir et celui de relever le défi, finit par avoir l’air d’être réduit à l’état d’insecte, pris dans les filets d’une machinerie diabolique. L’homme et son camion humanoïde font corps et pourraient symboliser une machine judiciaire en déroute, à la logique monstrueuse.
Ce genre d’explosion interne se produit de temps à autre sur les routes, dans les lycées, en politique et alimentent la rubrique des faits divers. C’est hélas presque banal. Quelqu’un se laisse envahir par une haine enfouie depuis longtemps, qui ressurgit d’un coup au déclic d’une petite flamme, celle de l’humiliation. Se faire doubler par une petite voiture rouge n’est rien, sauf quand on manque d’humour faute d‘être bien dans sa peau. Le camionneur s’enflamme donc, voit rouge, ne décolère plus et tombe dans la spirale communément appelée "retour du refoulé". J’aurais agi autrement à la place de la victime. Il me semble que j’aurais laissé tomber la voiture et fait du stop. Mais l’auteur du film donne le sentiment d’une Amérique paralysée par la paranoïa, qui ne porte plus secours aux "rôdeurs". Autrement dit, un homme qui fait du stop dans un désert de là-bas peut très bien y laisser sa peau. C’est une autre génération d’Américains, bien loin de celle de la Verte prairie. La modernité n’a pas que du bon, voyez-vous.
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