31/07/2011
Les fringues
Hier nous sommes allés au jardin des plantes de Béthune. À une dizaine de mètres de « notre banc », deux quadra plutôt en forme et pas en guenilles mais vraisemblablement SDF faisaient un petit sitting au milieu de la pelouse sur fond de cérémonie de photos de mariage ; elle se déroulait une vingtaine de mètres plus loin. Belle mariée en robe blanche traditionnelle, posant avec son jeune époux, qui aimait lui tenir sa traîne lors de leurs petits déplacements du jet d’eau au saule pleureur, éléments que l’on tenait visiblement à faire entrer dans le cadre. L’un des SDF s’est vaguement exclamé : « Et après le divorce ! », sans être vraiment pris au sérieux dans son rôle d’oiseau de mauvais augure. Il est très vite passé à autre chose pour entamer une discussion avec son ami, jusque l’arrivée inattendue et pétaradante de convives d’un autre mariage. Ceux-là constituaient une petite foule bruyante et bigarrée, résumant l’Artois dans toute sa truculence historique. Les invités, dont certains avaient le visage mat aux traits plutôt ibériques, montraient une humeur franchement guillerette. La robe de la nouvelle mariée était crème et à volants.Un couple nuptial chasse l’autre, qui déguerpit dignement, en grande pompe car on tenait solennellement la traîne de la dame en blanc ;elle se déplaçait tel un signe sur une eau limpide sous les yeux admiratifs de tous. Les nouveaux arrivés ont préféré quant à eux se faire prendre en photos, assis sur un banc public, le regard tourné vers l’horizon des taillis ou se fixant dans le blanc des yeux. Elle, essayant tant bien que mal de caler le bouquet de façon à le rendre bien visible. L’ambiance étant à la décontraction optimum, car le jeune couple s’était langoureusement allongé sur l’herbe pour une photo encore plus glamour, l’un des SDF demanda un peu de monnaie à quelqu’un de l’entourage, lui aussi sur son 31 ; celui-ci lui remit gentiment des sous en lui souriant, le regard amical qu’ils échangèrent valait bien une photo mais je pense avoir été l’une des seules à capter la scène moins romantique mais charmante.
J’étais venue sur mon blog pour relayer une information à propos du pantalon jean qui tue, la question des fringues étant importante pour les mariages, j’ai dérivé sur une entrée en matière sans grand rapport avec ce qui suit mais je compte sur le lecteur pour s’en débrouiller. Dans le journal La Voix du Nord du 23 juillet, j’ai lu dans la rubrique « Le monde à l’envers » ceci : « le sablage qui consiste à projeter du sable à haute pression sur les jeans afin de leur donner un aspect élimé, a tué des salariés en Turquie ou au Bangladesh. L’inhalation des poussières de silice dégagées durant le sablage peut provoquer la silicose […] En Italie, les ateliers clandestins sont nombreux et les normes de sécurité n’y sont évidemment pas respectées. Porter des fringues de marque … ».
Les fringues d’apparence cool … que les SDF éliment naturellement. Quand la bourgeoisie imite ses pauvres, c’est le comble.
08:09 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
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