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13/07/2011

Le grisbi

je me suis délectée à marcher ce matin sur le bitume des trottoirs de ma petite ville, grise à souhait dans une petite bruine écossaise. J’avais quelques menues courses à faire. L’occasion de mémoriser le visage d’un nouvel employé parmi les caissiers s’est présentée. Le jeune homme après avoir regardé ma carte d’identité, m’a fait remarquer d’une voix appliquée de bon élève que je ne m’appelle pas Patrick comme écrit sur le chèque que je lui avais donné. 

 — C’est vrai qu’ils auraient pu mettre mon prénom aussi ! 

Lui ai-je répondu. No problem, il acquiesce. Ensuite en retournant à la maison, j’ai fait cet exercice que je conseille à qui voudrait assouplir ses articulations : s’arranger pour avoir deux poches (sachets) d’au moins un kilo cinq chacune ( la valeur d’une bouteille d’eau ), les faire pendre à bout de bras. Vous sentez que ça tire, si vous avez l’impression que vos bras s’allongent comme ceux d’un chimpanzé, vous êtes sur la bonne voie. Puis, faites des rotations des épaules, vous aurez ainsi presque rempli votre contrat gym du jour. Je ne m’en suis pas tenue là. J’ai enfourché ma bicyclette, à peine les deux sacs posés à la hâte dans le couloir, pour me rendre à la banque. Laquelle, en raison de travaux, se résume provisoirement à un cabanon, style cabane de chantier, où officient quelques infortunés employés que la précarité des lieux n’a pas l’air d’enchanter. Une dame était un jour venu reprendre ses précieux bijoux en cet endroit surprenant et râlait beaucoup :

— Quoi ! Vous ne pouvez même plus garder mes bijoux à Béthune ? 

— Mais Madame, voyons ! Nous n’avons pas de coffre ici ! Vos bijoux sont en sécurité à la banque d’Arras Madame ! 

— Vous ne pouvez même plus garder mes bijoux à Béthune ! 

— Mais Madame, vous le voyez, nous sommes en travaux, ceci n’est que du provisoire ! Soyez compréhensive, je vous en prie !

— Les travaux, ça n’excuse pas de travailler dans… Vous auriez pu trouver un bâtiment de remplacement en attendant, pas un cabanon ! On est à Béthune quand même ! 

Pas d’incident de ce genre aujourd’hui. J’ai juste causé un petit remue-ménage intra cabanon du fait qu’il est obligatoire de déposer son avoir, chèque ou autre, dans un tiroir que l’on ouvre avec sa carte bancaire. Il faut la glisser dans l’interstice adéquat qui, en principe déclenche l’ouverture de celui-ci. J’ai dû signaler qu’après plusieurs essais, ça ne fonctionnait pas, à quoi une dame qui faisait la queue répondit avant que le « trader » de l’accueil n’ait pu ouvrir la bouche :

— J’ai justement quelque chose à déposer aussi. Ça ne marche jamais. Je croyais que c’était parce que j’étais mal dégourdie mais je vois que vous non plus. Tenez, il faut s’entraider, allons-y ensemble.

Le trader soulagé nous souhaite bonne chance, nous promettant que dès qu’il en aura fini avec ses clients il viendra à notre rescousse au cas où.

Une fois dehors, chacune à notre tour nous faisons glisser notre carte en pestant plus ou moins alors que les personnes qui attendent pour retirer de l’argent à la machine à sous nous conseillent :

— Vous allez trop vite. Moi ça faisait pareil. Après j’ai compris : il faut aller lentement. 

Enfin je vois le tiroir bouger.

« Tirez ! » dis-je à la dame qui sursaute en tirant vers elle la poignée. Nous déposons nos trésors et nous saluons le cœur léger. On se croirait presque dans un film de Jacques Tati. Là-dessus, toujours dans une douce bruine écossaise n’ayant rien à voir avec la douche, j’ai repris ma bicyclette et refait le trajet jusque la maison où m’attendent certains travaux requérant bon  pied (sur l’escabeau) bon œil (la "tête en l’air" , puisqu’il faut peindre aussi le haut des murs.) Elle n’est pas belle la vie ? 

13:43 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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