30/05/2011
En cette période de sécheresse un poème sur l'eau
L'ECLABOUSSE
Quand le bruit de la pluie, te tapant aux carreaux,
Tombe sans prévenir et qu'il bat dru les vitres,
Que dire du "comment vivent ces trombes d'eau"
Des plantes exposées sans défense à ces litres ?
Paisibles, elles dormaient, pétales au repos,
Comptant pour leur éveil sur la douce rosée
Qui, à l'aube défaite allait luire en cadeau
Sur leur félicité... Mais en fait de rosée,
Bah, quelle brusquerie a l'eau qui tombe à verse
En litres arroseurs qu'on se prend à la face,
Sans qu'on puisse rien là contre ce qui agresse:
Agir est superflu contre ce qui vous casse...
Car au végétatif on est apparenté
Et qu'être calfeutrés ne nous y trompe pas :
si la pluie fond chez nous dans le luxe casé
D'un appartement clair où l'on ne reçoit pas,
Il y a au dehors ce manteau qui vous juge
Des cumulonimbus ; ils frappent aux persiennes.
Vous êtes bien connus. A trois, ils vous adjuge
Au marteau des reproches, au martyre d'Etienne.
Et te diront ses coups :"Tu n'as nulle valeur,
Toi qui vécus au sec sans porter de fardeau" ;
Si tu lui répondais que sec n'est pas ton pleur,
La foule se rirait, qui tape sur ton dos,
Qui t'arrose de coups, toi ou bien tes carreaux :
Tu ne t'es pas lavé, pauvre bouc émissaire.
Ils vont les défoncer, tes vitres et haro
Sur le végétatif, faible commissionnaire.
Ta nature, grand Dieu, ne t'a pas laissé vivre,
Tout est tombé sur toi plus que tu n'as choisi.
La vie t'a fait tourner sur sa roue, fallait suivre !
Tu étais à l'abri et la rue t'a saisi.
Quand l'averse est tombée, tu t'es cherché un mur,
Un auvent protecteur des invasions perlières ;
Surpris, éclaboussé, il te fallait toiture,
Mais voilà que ton toit n'avait pas de gouttière.
Julien Weinzaepflen
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