05/09/2009
Vu cet après-midi
Les deux pies de mer se trouvaient à une trentaine de mètres des chasseurs. Nous étions nous, assis au pied d’une dune, presque à côté d’elles. Elles étaient tellement immobiles, que nous pensions voir des appâts. Les deux tireurs d’élite là-bas, les avaient placés au bord de l’eau, et reviendraient les reprendre plus tard. En attendant, ils canardaient des oiseaux, fusils pointés en direction de la mer, dans un boucan inquiétant. Cela nous avait incités à nous arrêter à cet endroit, c’était toujours mieux que de faire lâchement demi-tour. À cette heure il y avait très peu de monde ; quelques jeunes un peu plus loin, à notre droite, s’adonnaient au wind-surf ; il devait être tout au plus treize heures.
Les pies avaient esquissé quelques pas dans les vaguelettes de la marée montante avant de se figer à nouveau, regardant obstinément en direction des acolytes en pleine activité. Lesquels, à cette distance, ne devaient probablement pas voir ces deux petites statuettes. Un quart d’heure passa. Nous observions la mer en silence, elle aussi faisait un certain vacarme, et nous avons entendu un petit bonjour poli qui nous était adressé. À son accoutrement, nous avons reconnu l’un des chasseurs : un grand jeune homme à l’allure frêle portant un large blouson de camouflage et des cuissardes de pêcheur. Son ami resté à son poste s’est mis à siffloter, tandis que lui, se plaçant derrière les oiseaux, les incitait à se rabattre du côté fatidique. Les pies de mer se sont envolées droit vers le prédateur les attendant fusil en main. Arrivées à son niveau, elles ont bifurqué vers la mer et se sont fait tirer dessus immédiatement après. Le rabatteur ayant rejoint son ami, les deux jeunes gens ont fait feu ensemble une dizaine de fois avant de les toucher. L'un des garçons alla ramasser un oiseau ; peu de temps s’écoula avant que l’autre volatile ne se retrouvât auprès de son frère d’infortune dans la gibecière. Implacable destin incarné dans ces adolescents. Funeste fascination de certains oiseaux pour leurs prédateurs. Nous sommes retournés vers la cabine des maître nageurs, sans penser à regarder au passage si les wind-surfeurs étaient encore là.
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