05/01/2009
À propos de Barthes
« ... Il y a un écrivain qui n’a pas l’air d’avoir été engagé et dont vous découvrez qu’il l’a été au suprême degré, en fait beaucoup plus que Sartre, c’est Mauriac ! Prenez le livre de son journal et de ses mémoires politiques, sans parler des bloc-notes, vous êtes absolument étonnés, et en plus ça se lit formidablement, parce que c’est plein de talent. Donc, l’effet engagé, Barthes l’avait très bien senti : il avait horreur de ce qui poisse, ce qui glue, ce qui retarde, ce qui pèse, tout ce qui bavarde au lieu de dire quelque chose. Dire vraiment, c’est cela être engagé. La littérature engagée est une très mauvaise littérature, dont Barthes a fait la critique. On est aussi antifasciste que l’on est antistalinien, spontanément, si l’on peut dire. C’est une question, encore une fois, de sensibilité, de corps et de goût.
On pourrait reprendre à propos de Barthes cette belle formule de Voltaire, contre toutes les vulgarités, d’hier et d’aujourd’hui : « Pourquoi a-t-il toujours raison ? C’est parce qu’il a du goût. »
Oui, « anarchiste conservateur », ce mot d’Orwell convient à Barthes. Orwell aura été en britannique, ce que Barthes aura été en français, mais, notez-le bien, dans ce français du Sud-ouest, où l’on retrouve ces esprits éminents, Mauriac, Montaigne, La Boétie, Montesquieu, Roland Barthes. »
Philippe Sollers
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22:16 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)
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