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11/09/2008

Enquête

"C'est fascinant !, observe Cécile Van de Velde, auteur d’une thèse Devenir adulte, sociologie comparée de la jeunesse en Europe, publiée cette année chez PUF. Français et Danois se situent aux deux extrêmes d’un panel européen. Aux Français anxieux, pressés par le temps, cernés par le chômage, convaincus que leur destin se joue avant 25 ans et qu’un échec ou une erreur d’orientation se paient durant toute la vie, s’opposent les Danois confiants, financièrement autonomes grâce à des bourses, prêts et petits boulots, encouragés à l’exploration et à la mobilité, avec un horizon ascendant et un marché de l’emploi avide de leur apport."

Le tableau est dressé que l’on croirait caricatural. Mais la vingtaine de jeunes gens rencontrés à Copenhague, en ce début septembre, n’auront de cesse de l’accréditer."La jeunesse est ici une époque bénie, explique Sven Morch, professeur de psychologie à l’université de Copenhague. Ce qu’elle évoque, véhicule, implique, est d’ailleurs si populaire, si positif, que tout le monde voudrait en être et qu’elle tend à s’allonger à l’infini. » S’allonger ? « les enfants piaffent d’abord ce rivage et les parents précipitent le mouvement en basant l’éducation de leurs gamins sur l’autonomie et en les habillant très tôt en ados. Dans l’entreprise, les emplois doivent avoir de plus en plus l’air du "job", être distrayant, permettre le développement individuel et même paraître sexy !» La société Danoise a pour la jeunesse, dit-il, toutes les indulgences et toutes les attentions. "Et nos jeunes excellent à être jeunes !"

Cela fait sourire la bande de garçons, de 17 à 20 ans, réunis ce dimanche dans le jardin des parents de l’un d’eux. Oui, ils ont bien l’intention d’être "bons" dans la position de "jeunes". Oui, la vie, ces prochaines années, promet d’être « vraiment cool ». Comme elle le fut déjà, reconnaissent-ils, pendant toute leur scolarité. Pas d’angoisse de carnets de note ou de devoirs sur table ? « Jamais ! Toute idée de classement est inacceptable, assure Stefan, 20 ans. Elle irait à l’encontre de l’égalité sur laquelle est fondée notre social-démocratie. Les profs comme les parents tentent toujours de trouver du positif. Ce qui compte, c’est d’être soi-même et de se sentir bien. »

Pas de stress, de retenues, de sélection, encore moins de redoublements. Surtout, jamais de menaces associant une profession dévalorisée à un échec scolaire, du genre : « Si tu ne travailles pas, tu finiras … » L’échelle des revenus étant de toute façon très serrée, le diplôme ne garantira pas un salaire plus élevé, une meilleure qualité de vie, ou l’unique moyen de s’élever socialement. Alors pas de chantage !

Extrait de l’article de Annick Cojean, intitulé « Au royaume de l’insouciance » dans Le Monde du mercredi 10 septembre 2008

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