10/01/2008
Autrefois, Victor Hugo
Livre Premier
AURORE
À ma fille
O mon enfant, tu vois, je me soumets.
Fais comme moi : vis du monde éloigné ;
Heureuse ? non ; triomphante ? Jamais.
– résignée ! –
Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
Toi, mon enfant, dans l’azur de tes yeux
Mets ton âme !
Nul n’est heureux et nul n’est triomphant.
L’heure est pour tous une chose incomplète ;
L’heure est une ombre, et notre vie, enfant,
En est faite.
Oui, de leur sort tous les hommes sont las.
Pour être heureux, à tous, – destin morose ! –
Tout a manqué. Tout, c’est-à-dire, hélas !
Peu de chose.
Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
Dans l’univers chacun cherche et désire :
Un mot, un nom, un peu d’or, un regard,
Un sourire !
Victor Hugo
18:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
hélas trop vrai
Écrit par : kitty241 | 12/01/2008
"nul n'est heureux et nul n'est triomphant" dans le contexte du deuil de sa fille Léopoldine ça prend sens.
Écrit par : sophie | 12/01/2008
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