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19/10/2007

Rimes

Quand les poèmes se construisaient selon des règles bien définies, suite :

alternance :

L’alternance des rimes masculines et des rimes féminines est un phénomène qui apparaît très tôt, dès les XIIe-XIIIe siècles ; Jean Molinet en prône l’usage dans son Art poétique à la fin du XVe siècle, mais elle n’est pratiquée régulièrement que depuis la première moitié du XVIe, suivant l’exemple de Jean Bouchet et d’Octavien de Saint-Gelais. Elle est peu à peu confirmée par la pléiade, et, comme l’indique J.-L. Backès dans l’Introduction à la poésie moderne et contemporaine de D. Leuwers, Ronsard « lorsqu’il réédite ses premières œuvres, corrige ou élimine celles d’entre elles qui ne s’y plient pas ».

Au XVIIe siècle, on ne prononce plus l’-e sourd en fin de mot ; La distinction entre rimes féminines et rimes masculines n’est donc qu’un vestige de ce qui était une différence réelle : ce n’est plus qu’un phénomène de graphie - du moins lorsqu’il s’agit de poésie lue, car lorsque le poème est chanté, la syllabe surnuméraire est parfaitement sensible et distincte, ainsi par exemple dans le premier vers du poème de Théophile Gautier « Le Spectre de la rose » que berlioz a mis en musique dans les « Nuits d’été » :

Soulève ta paupière close

 

La syllabe -se finale du vers est chantée un demi-ton plus bas que clo-, et l’-e est prononcé ; le poème n’en est pas moins composé d’octosyllabes.

Sont dites «féminines » les terminaisons de mots en -e caduc, qu’il soit ou non suivi de -s ou -nt, en dehors de toute considération de genre du mot lui-même. Cependant, des cas particuliers sont à signaler, concernant les verbes : les subjonctifs aient et soient, ainsi que les formes de l’imparfait et du conditionnel en -aient, font des rimes masculines, alors que les présents de l’indicatif à terminaison identique (paient, voient, essaient…) font des rimes féminines. Ainsi, au début de la fable de La Fontaine « Les Voleurs et l’âne », l’alternance est bien respectée (M F M F M) :

Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient

L’un voulait le garder, l’autre le voulait vendre

Tandis que coups de poing trottaient,

Et que nos deux champions songeaient à se défendre,

Arrive un troisième larron.

Le principe de l’alternance a été entièrement respecté jusqu’au milieu du XIXe siècle :

dans les rimes suivies, où le même schéma d’alternance se retrouve tous les quatre vers (FFMM) ;

ainsi dans « le Flacon » de Baudelaire :

Il est de forts parfums pour qui toute matière

Est poreuse. On dirait qu’ils traversent le verre

En ouvrant un coffret venu de l’Orient

Dont la serrure grince et rechigne en criant

 

Ou dans une maison déserte quelque armoire

Pleine de l’âcre odeur des temps, poudreuse et noire,

Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient

D’où jaillit toute vive une âme qui revient.

 

Dictionnaire de poétique de Michèle Aquien. La suite demain !

 

 

13:30 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

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