27/01/2009
Interview Godard/Alain Bergala
Flu : Que pensez-vous de l'amitié qui unissait Godard à François Truffaut ?
A. B. : Cette amitié est en elle-même curieuse. On ne peut pas être plus opposé que ne l'étaient Godard et Truffaut. On a un riche fils de banquiers suisses, Godard, et un petit voyou parigot, Truffaut. Aux Cahiers, les gens étaient globalement plus proches du milieu de Godard, mais lui était plus complice avec Truffaut. Ensemble, ils allaient voir des films un peu honteux, ce qu'ils cachaient aux autres. C'était leur secret commun. Ils étaient très liés, et cela se sentait dans leurs écritures. Par rapport à l'écriture dominante des Cahiers de l'époque, très littérature française, insufflée par Rohmer, agrégé de lettres, Truffaut était d'une simplicité totale. C'était un autodidacte, et ce qui était génial chez lui, c'est qu'il disait des choses fortes et intelligentes très simplement. Godard, lui, les disait poétiquement. Son style, c'était collecter des images, et aller vite. C'était comme ses films. L'un comme l'autre ont choisi de ne pas se mesurer avec Rohmer, le surmoi du groupe, car ils ne possédaient pas les mêmes armes. Ils se rapprochaient ainsi par la peur du patron et de l'université. Mais ce qui m'intéresse dans leur histoire, c'est ce qui se passe après la mort de Truffaut. Pour Godard, les morts ne sont pas morts. La relation aux morts continue à être vivante. Il s'est réconcilié puis fâché avec Truffaut après sa mort. Par ce commerce qu'il entretient avec les mots, il permet aux morts d'être encore vivants. Avec Truffaut, c'est très clair. Il en a d'abord dit du mal, puis, il a commencé à être mélancolique, puis il a dit que c'est lui qui les protégeait. Godard vit autant avec les morts qu'avec les vivants. Il réalise un peu, mais pas dans sa forme maniaque, La Chambre verte (le film de Truffaut). Sauf que chez lui, il n'y a jamais de commémoration : il faut se bagarrer avec les morts.
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26/01/2009
Encyclopédie
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Encore un peu d'Histoire
« Clovis était devenu, tant par la conquête que par la confiance de l’Église et des populations gallo-romaines, le maître de la plus grande partie de la Gaule. Les provinces de Syagrius et d’Alaric étaient passées successivement sous sa loi ; des succès contre les Thuringiens à l’est, contre les Bretons à l’ouest, avaient assuré sa domination aux deux extrémités opposées. L’Église, par la voix du pape Anastase, le saluait comme son fils aîné, son défenseur, sa colonne de fer. Les évêques, héritiers du titre et de l’autorité administrative des defensores civitatis, lui prêtaient les lumières de leur expérience, et le grand saint Remi, notamment, exerçait sur lui toute l’influence d’un conseiller intime. C’est à cette époque, où son pouvoir était déjà consolidé, où il s’occupait de questions d’organisation intérieure, qu’on le voit, dans la plupart des compilations historiques, se prendre d’une jalousie sanguinaire et d’une rage subite d’extermination contre plusieurs petits rois ses parents, possesseurs de territoires indéterminés dans le nord de la Gaule, autour de Cologne, Cambrai et autres lieux. Les détails des trahisons et des meurtres dont il se rend coupable, dans le but d’agrandir ses états, sont faits pour imprimer une tache avilissante au front d’un prince, jusque-là renommé pour son humanité et sa justice. Le seul texte sur lequel on se fonde est la fin du deuxième livre de l’Histoire ecclésiastique des Francs, écrite au déclin du VIe siècle par saint Grégoire, évêque de Tours. Quoique les meurtres de Clovis soient en effet racontés tout au long dans ce passage de notre plus ancienne chronique, il faut dire que les commentateurs modernes ont vu là plus encore qu’il n’y avait en réalité, qu’ils ont parfois chargé les traits, et qu’ils ont tiré des conséquences exagérées ou fausses, soit sur l’attitude de l’Église, soit sur la barbarie des Francs et de leur chef. »
http://www.mediterranee-antique.info/Moyen_Age/Divers/Clo...
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