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11/08/2011

Des sujets difficiles

Il était un chat, Maraud, qui détestait les étourneaux. Il n’y pouvait rien, c’était physique disait-il. La vraie raison est qu’il abhorrait leur caractère grégaire et ce don d’imitation qu‘ils avaient tous. Ceci, en raison d’une cuisante mésaventure où ces « sujets » pour le moins difficile l’avaient tenu en échec. Un jour que, à l’affût, il s’apprêtait à bondir sur l’un de ces volatiles, il avait entendu le miaulement d’une chatte en quête d’amour, ce qui avait détourné son attention de la proie convoitée. L’oiseau en avait profité pour s’envoler promptement et deux étourneaux, l’instant d’après, le contemplaient du haut d’un fil électrique. Celui qui l’avait échappé belle exultait dans son rôle de victime ratée, et son compère imitateur de chatte évaporée lui tapotait le haut de l'aile du bout de la sienne. Sans se concerter, ils s’étaient mis à rire d’un commun accord, ils pouffaient à la façon des hommes. « Ouais, leur avait dit Maraud en divers miaulements stridents, continuez d’imiter les "bip"(èdes) ! Suivez-les à la trace, dans tout ce qu’ils font et on verra si votre belle entente va durer encore longtemps ! »

« Belle belle belle comme le jour, belle belle belle comme l’amour », chanta l’un des compères, télépathe confirmé, en guise de réponse. Le chat tourna la tête en tous sens avant de comprendre qu’il s’agissait encore de l’une de ces satanées imitations d‘étourneau. Il éclata : « Perroquets ! Bouffons ! », et après avoir repris haleine déclara : « Vous ne m’impressionnez pas les gars, rira bien qui rira le dernier ! »

20/07/2011

Le coup de fil d'une mytho, ou pas

Coup de fil d’une amie, à propos d’une relation, par un jour pluvieux où elle s’ennuyait, à une vague copine :

— J’ai rencontré par hasard mon ami, tu sais la grosse vedette dont je préfère taire le nom au téléphone. Cet homme et moi nous connaissons très bien depuis longtemps. L’envie lui a pris de me proposer une balade un peu partout en France. J’ai accepté. Nous sommes allés dans une région que j’aime mieux ne pas citer. Curieusement, ce n’était pas chez les chtis. Renommés pourtant les chtis depuis quelque temps. Il est si populaire qu’il pourrait entrer dans n’importe quelle maison, tout le monde se sentirait honoré de sa visite ; moi qui n’ai pas l’habitude de ce genre de chose je suis restée un peu interdite sur le moment, face à de telles démonstrations d’affection à son encontre, de la part d‘inconnus ! Je sais que c’est normal pour une célébrité, mais quand même ! Au bout d’un moment cette situation a commencé à me peser, je me sentais comme une ombre à ses côtés. D’autant que mon célèbre pote, contre toute attente, s’est montré grossier envers les gens qui l‘avaient invité chez eux, voire insultant. Sur le ton dédaigneux il affirmait être surpris de trouver des intérieurs aussi "pouraves", et il sortait d’un coup, sans saluer ses hôtes. La honte ! Moi, sans demander mon reste, je le suivais, j’étais assez inquiète pour lui, tu penses. Après quelques jours et quelques maisons écumées ensemble, il m’a d’un coup emmenée à la pharmacie, afin de se ravitailler en médicaments. S’il était malade, ça pouvait au moins justifier son comportement. Mais bon, notre balade commençait à prendre une tournure un peu trop surréaliste à mon goût ! J’ai profité de la pagaille qu’il met dès qu'il apparaît pour tenter de le semer. J’étais sonnée, vois-tu. J’ai déambulé, enfin seule, dans la petite ville de province et j’ai fini par me retrouver dans une chambre d’hôtel où je me suis enfermée. Là, je me suis rendue compte que j’avais dans ma poche les médicaments de mon pote : j’avais tout bonnement oublié le vendeur de la pharmacie. Ce c.. m’avait pris pour sa coach et me les avait confiés, à la hâte, impressionné qu‘il était par la vedette, il m’avait même rendu la monnaie ! J’étais tellement bien stone que j’ai mis le tout dans mon sac comme une automate. Si bien que mon copain pouvait me rechercher pour vol ou recel, tu comprends ? Toute sa hargne, c’est contre moi qu’elle allait se diriger maintenant ! Et figure-toi qu’il me cherchait en effet. J’ai entendu sa voix forte dans le hall de l’hôtel, tu imagines ? J’ai jeté un œil circulaire à la chambre pourave, j’ai vérifié les verrous et j’ai attendu. Il fulminait à l’étage, sa grosse voix se rapprochait dangereusement, j’ai compris que quelqu’un avait dû lui indiquer ma nouvelle adresse. J’étais au bout du rouleau, crois-moi ! J’ai fait le lit en vitesse parce qu’en plus, il n’était pas fait ! Et j’ai ouvert la porte, j’espérais trouver une explication vaseuse, l’essentiel c’était quand même de lui rendre argent et médicaments, non ? Il est entré. My god ! Figure-toi qu’il a fait mine de découvrir un second domicile à moi et puis il s’est lancé dans un grand speech qui s’est encore terminé en vociférations contre tout ce qu’il avait vu de "détestable" d’après lui, dans cette région. Je me suis aperçue pendant ce temps, (l’angoisse !), que j’avais paumé les sous et les médocs. La nervosité sans doute. Il ne me réclamait toujours rien et, … ça m’a un peu rassurée ce fait nouveau, il s’est mis à distribuer des billets de banque à la ronde, (il y avait des membres du personnel qui vaquaient dans le coin). Et alors bizarrement, il a projeté que nous continuions notre visite régionale en amoureux. Tu imagines, je pensais aux médicaments qu’il allait bien finir par devoir prendre, tu parles d’une anxiété ! là-dessus la journaliste est arrivée. Une décontractée du même genre, qui est entrée tambour battant par la porte grande ouverte. Elle le voulait pour elle seule, cette célébrité ! Flatté, il s’est laissé embarquer par une admiratrice digne de lui. Je me suis dit qu’il trouverait bien un médecin pour renouveler l’ordonnance. Voilà comment on s’est quittés lui et moi. Les vedettes et les medias ça marche ensemble, mais bon, je sais pas si c'est bon pour son équilibre.  

08/07/2011

Courses du Jour

J’étais à la caisse de ma grande surface préférée. Pour passer le temps, j’ai écouté la conversation des clients précédents avec la caissière. Un des deux messieurs déclare à l’employée en train de bipper ses achats : 

 — Si tu la regardes de près, elle n’est même pas belle. Elle est pleine de maquillage.

Silence de la dame, il reprend :

— Toi tu es maquillée doucement, mais elle, cette saloperie vivante ! 

La caissière :

— On sent comme il l’aime !

L’autre homme attisant la flamme de son ami :

— Et les couleurs qu’elle porte !

L’ami relancé :

— Je n’aime que le blanc et le bleu, les couleurs de l’immaculée conception.

Ils s’entretiennent à propos d’un évêque, le monsieur fâché se retourne d’un coup vers moi, plante ses yeux bleus dans les miens. Il esquisse un sourire auquel, surprise, je réponds gauchement et voulant échapper à son regard dur azur, je me retourne vers le client derrière moi qui, étonné de ma soudaine volte-face sursaute.

— Vous voulez que je bouge ?

— Pas du tout.

— Des fois que vous auriez oublié un produit bredouille-t-il.

Les clients de devant sont partis, je salue la caissière et soupire "C’est une corvée les courses …"

"Oui dit-elle, il faut penser pour les autres."

Je reprends "J’espère tout de même qu’on ne va pas remplacer les caissières par des machines..."

"Vaste débat !  répond-elle doctement, il faut en discuter !"

" Pour moi, c’est tout vu, je suis contre ! " 

"Oh ! Dit-elle, on y aura droit…, mais moi je ne participe pas aux séances parce que je sais que je vais être réactive !"

J’ai dû louper quelque chose dans le brouhaha de la grande surface, mais je la quitte en lui affirmant qu’elle a raison. Sourire chaleureux de part et d’autre "Bye bye, à la prochaine !"