23/09/2020
Testament à l'anglaise de Jonathan Coe ♣♣♣ L'enthousiasme suspect
Là encore j'ai trouvé ce trésor de livre dans la boîte aux livres d'un quartier du centre ville de Béthune. Il déniaise les naïfs ou met au courant tout simplement "ceux qui ne savaient pas". Ou qui n'imaginaient pas que cela pût réellement fonctionner ainsi, il fut un temps.
Espérons que Demain sera un autre jour, et que les investissements bancaires seront humanistes et également bons pour la planète.
Ce ne fut pas toujours le cas, ce n'est peut-être pas encore le cas, mais Demain... qui sait ?
Jonathan Coe parle d'investissements douteux, il y a peu encore dans son livre Testament à l'anglaise.
Extrait page 28, 29 :
"Voici d'abord Thomas Winshaw : trente-cinq ans, célibataire, ayant encore à se justifier auprès de sa mère Olivia, aux yeux de qui ses brillants succès dans le monde de la finance ne comptent pour rien devant son échec persistant à fonder une famille. Elle l'écoute à présent les lèvres pincées, alors qu'il essaie de donner un éclat flatteur à un nouveau développement de sa carrière, qu'elle considère visiblement comme plus frivole encore que les autres.
"On peut obtenir aujourd'hui un très haut rendement d'un investissement dans les films, maman. Il suffit d'être associé à un grand succès, voyez-vous, et on se retrouve avec une vraie fortune. Assez pour compenser une douzaine d'échecs.
— Si tu ne faisais cela que pour l'argent, tu aurais ma bénédiction, tu le sais bien", réplique Olivia. Son accent du Yorkshire est plus marqué que celui de ses frères et sœurs, mais sa bouche est aussi tombante et rigide que la leur. "Dieu sait que tu t'es montré assez malin en ce domaine. Mais Henry m'a dit quels étaient tes vrais motifs. Les actrices. C'est ce que tu cherches, n'essaie pas de le nier. Tu aimes être en position de leur déclarer que tu peux leur trouver un rôle.
— Vous dites n'importe quoi, maman. Si seulement vous vous entendiez parler !
— Je ne veux pas qu'un membre de notre famille se couvre de ridicule, c'est tout. Ce sont presque toutes des traînées, et tu vas finir par attraper une saleté."
Mais Thomas, qui n'éprouve pour sa mère rien de plus ni de moins que pour la plupart des gens — à savoir un tel mépris qu'il les juge rarement dignes d'une dispute —, se contente de sourire. Quelque chose dans ces dernières paroles semble l'amuser, et ses yeux brillent froidement d'un souvenir intime. En fait, il pense que sa mère est tout à fait à côté de la plaque : car son intérêt pour les jeunes actrices, si fort soit-il, ne va pas jusqu'au contact physique. Il s'intéresse surtout à regarder, pas à toucher, et pour lui le principal avantage de sa nouvelle activité dans l'industrie du film est de lui donner un prétexte pour visiter les studios quand il en a envie. Il peut ainsi assister au tournage de scènes qui, à l'écran, offrent simplement un émoustillement innocent, mais qui, lors de leur élaboration, fournissent de sérieuses occasions au parfait voyeur."
Commentaire : Ici on a essentiellement un aperçu du machisme dans le milieu du cinéma. Mais je crois que les choses s'améliorent, les femmes défendant de mieux en mieux leur condition, leur droit au respect.
Cela dit, un dessinateur ou un peintre ou encore un sculpteur, tous ces artistes pouvant se mettre au féminin, passent par la case voyeurs et voyeuses, sauf que cette démarche est consentie par les modèles. Les dessinateurs imaginent parfois, sans modèles précis, pour réaliser des dessins érotiques. Ils en ont le droit. Mais l'actrice, sauf dans le porno, ne consent pas, quant à elle. Elle est souvent chosifiée, prise en étau et donc il y a perversion à vouloir la voir dans des situations qu'elle refuse de montrer, de la part de ce genre de voyeur.
♣♣♣
Écoute de la télé durant la pause café : j'entends les éloges sur la 5G. Finalité de la 5G : aller plus vite, être toujours plus réactif, avoir plus de captations de données (une sorte de voyeurisme) ; les médecins vont opérer le ou la patiente à 3000 km de distance, étrange... comme un monde d'absents où les gens ne vont plus se toucher que par machines interposées ; sans oublier les voitures téléguidées... sans conducteur : absent lui aussi, ex conducteur réduit à la passivité ; Les intelligences artificielles nous permettront de nous passer de nos propres cerveaux ; espérons un autre jour, un Demain pour la sagesse. Les éloges de la lenteur ne sont pas encore d'actualité dans les médias.
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Le chien se souvient ♣♣♣ Douceur de bon augure
"Mon champion" a perdu son maître. Il est à sa recherche. Il se souvient de leurs moments difficiles comme ceux qui furent merveilleux.
Un des moments difficiles fut lorsque l'associé de son maître, Vilder, devenu demi fou, le jeta au feu. Il fut récupéré par son bienfaiteur in extremis. Cas de force majeure, je pense que là, le chien éternel serait bien mort, mais pas de sa belle mort, ce qui ne présentait aucun intérêt en plus de la douleur physique qu'il endura.
Autre souvenir atroce du chien bien aimé, celui où, toujours avec son maître, il se trouvait à la cour lors de la présentation à celle-ci du bébé qui deviendrait le roi Louis 14. Un faon à demi déchiqueté fit irruption dans la salle de réception, immense, perçant un mur de robes, celles que portaient les courtisanes à qui il arracha des cris d'horreur. Bientôt le faon fut rejoint par un dogue qui finit de le déchiqueter tout vivant devant l'assemblée, faisant hurler de douleur le faon, avant de lui donner le coup de grâce par égorgement.
Le chien merveilleux de Damien Dibben, dont l'esprit est à l'opposé de la cruauté du dogue, se souvint toujours du regard suppliant du faon. Dès lors il puisa ses protéines non dans la viande mais dans les haricots. Il devint un chien végétarien. Ne voulant rien avoir à voir avec le dogue assoiffé de sang.
Un extrait page 218, 219. Le chien se souvient de moments passés avec son maître en regardant des dessins réalisés par celui-ci :
"Sur un autre, mon maître et moi étions assis côte à côte dans une loge du théâtre parisien du Palais-Royal. Je me souviens de la nuit où nous allâmes voir jouer son acteur préféré (le même infortuné qui, un an plus tard, durant la représentation d'une pièce sur les médecins malhonnêtes, Le Malade imaginaire, cracha des caillots de sang avant de s'écrouler sur scène, raide mort). Lorsque le rideau tomba, le public — et même la reine en personne — se leva aussitôt, s'extasiant, lançant des hourras, les gens agitant leurs éventails et secouant les pans de leurs vêtements, jusqu'à ce que la troupe de comédiens en ait les larmes aux yeux. En me remémorant ces moments, j'ai honte d'avoir choisi de me souvenir de notre vie comme d'une existence laborieuse, presque un travail de forçat, à suivre les armées, à parcourir les champs de bataille, et à attendre impatiemment pendant que mon maître travaillait à son fourneau, dans ses ateliers de palais. Un tout autre univers colorait aussi nos voyages. Il me montrait les royaumes.
Une série de portraits d'une dame dont mon maître était proche, à l'époque d'Amsterdam, me fait brusquement tressaillir. Le souvenir de cette cité, où je ne suis jamais retourné, avait été si inextricablement lié à mes sentiments concernant Vilder que j'avais presque oublié l'autre grand événement qui s'y était déroulé. Mon maître avait nourri pour cette femme un amour plus profond, et, au bout du compte, plus douloureux, qu'aucun autre auparavant. Quelle honte pour moi de n'avoir réservé une meilleure place au souvenir de Jacobina ! C'était une personne rare, de celles que les gens appellent "une force de la nature", pleine de vie, de bonté et d'intelligence.
— Je viens du Ghana, avait-elle annoncé de sa voix puissante lorsqu'il l'avait rencontrée, à l'entrée de la Bourse d'Amsterdam.
Elle était encore plus grande que lui, et arborait un sourire caractéristique qui ne la quittait jamais, à une seule exception près.
— Je suis venue étudier vos esprits de riches marchands, observer toutes vos ruses et vos astuces, afin que nous, Ghanéens, puissions vivre un jour comme vous."
Page 218, 219 Damien Dibben auteur du livre Demain.
Commentaire : ici l'auteur parle du piège de la colonisation. L'alchimiste tombe amoureux de la belle Ghanéenne. Elle est aussi belle qu'intelligente mais le piège ici est : "nous puissions vivre comme vous" car il induit une imitation de modes de vie délétères au final, au vu de la souffrance des laissés pour compte, du futur prolétariat, et qui deviendra catastrophique pour la planète. Mais sous l'effet de l'esclavage, de la domination brutale, on peut comprendre, même d'un esprit très intelligent cette première réaction, celle de l'imitation du dominant dans l'espoir de sauver son peuple de la misère induite par la colonisation.
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Contrairement à ce que ce blog pourrait laisser penser, étant donné la musique que j'écoute désormais, je ne suis pas une grande lectrice de la bible. En fait je n'ai en mémoire que des passages de l'évangile. Pour l'Ancien testament, je sais qu'il a été demandé à un prophète "par Dieu en personne", de tuer son fils (celui de Sarah) car Dieu voulait ainsi l'éprouver. Abraham, confiant était prêt à obéir et ce fut au final un mouton qui passa à la casserole. Franchement, ce que je retiens de la religion, ce sont les Béatitudes dites par Jésus, certaines paraboles de Jésus, qui respectait les Anciens, ne les a pas reniés. Mais pour moi, l'histoire du sacrifice du mouton ou du fils, c'est incompréhensible. Mais la douceur des chants, de Marie, de Jésus, de Mathieu, de grands saints, comme Saint François... cela est pour moi extraordinaire, divin. Et les chants, comme Kadosh, par exemple :
16:52 Publié dans prière, vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)